À Bordeaux, le directeur du CHU, Yann Bubien a carrément sorti le grand jeu aux nouveaux internes, commençant leur semestre d'hiver début novembre, en les conviant à une soirée musicale à l'opéra. Tenues de soirée et petits fours de rigueur. Est-ce par là que doit aujourd'hui passer l'attractivité des établissements ? « Un stage qui se passe bien, c’est un interne qui revient ! », a lancé Marina Dusein, interne de médecine générale à Bordeaux et porte-parole de l’Isnar-IMG (Intersyndicale nationale autonome des internes de médecine générale), lors d'une table ronde du salon Santexpo à Paris la semaine dernière.
Pour les représentants des jeunes, « les atouts de l’hôpital public commencent dès les premiers jours de stage », ajoute Marina Dusein. Et parfois, booster son attractivité passe par des gestes tout simples : faire visiter le service, fournir un plan de l’hôpital au nouvel interne, un code pour prescrire et se connecter aux logiciels, voire simplement lui fournir une blouse... « Car un tiers des étudiants déclarent ne pas avoir de blouse le premier jour de stage », rapporte Gaétan Casanova, président de l’Intersyndicale nationale des internes (ISNI). Selon l’ISNI, la moitié des internes disent par ailleurs n’avoir aucune idée des différents interlocuteurs dans l’établissement.
Deuxième levier d’attractivité : proposer des conditions d’exercice permettant un équilibre entre vie privée et vie professionnelle. « C’est évident que si on propose des astreintes tous les trois jours, l’impossibilité de se former ou de partir en vacances facilement, on n’attirera pas », avance Jean-François Vinet, directeur du Centre hospitalier de Pau, précisant que « les jeunes générations ne veulent plus de ce modèle-là ».
Et de fait, les juniors aspirent désormais à une carrière hospitalière marquée par un réel projet d’équipe et un nombre de collègues suffisant « pour sanctuariser le temps de formation », souligne le président de l'ISNI. Un avis partagé par le Dr Jean-Marc Faucheux, président de la commission médicale d'établissement (CME) du centre hospitalier d'Agen-Nérac. « Évidemment la qualité de vie au travail est très importante, pour les internes comme pour les PH », explique-t-il. « Il faut aussi savoir discuter avec l’interne de son projet professionnel, être inventif, en lui proposant parfois d’évoluer dans un poste différent qui lui plaît davantage, même s’il ne répond pas à l’organigramme de l’hôpital », propose-t-il.
Les CH prennent du galon
Alors que la carrière hospitalo-universitaire a longtemps été présentée comme le Saint-Graal de l’exercice médical, l’affirmation n’est plus si évidente pour les futurs praticiens. En juillet, alors que les ministères de la Santé et de l’Enseignement supérieur présentaient un plan pour renforcer l’attractivité du secteur, seule une mesure concernait les étudiants. Une disposition vise ainsi à renforcer l’année de recherche au cours de l’internat. « On s’est demandé si la recherche était réellement un facteur d’attractivité de l'hôpital pour les internes, et la réponse est plutôt non… », rétorque Gaétan Casanova, rappelant que l’exigence principale de l’interne pour continuer sa carrière dans un hôpital reste « d’être accompagné, grâce au compagnonnage, et formé ».
D’ailleurs, les centres hospitaliers finissent par gagner du terrain sur les CHU car « les CH ont davantage l’obsession de bien accueillir les internes, affirme Gaétan Casanova. Contrairement aux CHU, ils ne prennent pas leur présence comme un acquis et veulent retenir les étudiants sur le territoire ». Un atout pour capter les internes que les CH ont bien compris. « À Agen, nous avons investi dans un internat tout neuf », raconte le Dr Jean-Marc Faucheux. À Pau, « nous mettons en place des accueils personnalisés des futurs praticiens », abonde Jean-François Vinet. Le grand CHU parisien pourrait-il perdre de son lustre ? En tout cas, selon une enquête réalisée par des syndicats d’internes de Paris, 72 % des internes parisiens affirment qu’ils seraient prêts à rejoindre un hôpital situé en périphérie s’il venait à proposer un internat agréable.
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