Organisées mardi 13 mars, la veille de la remise d’un rapport parlementaire sur les établissements d’hébergement des personnes âgées dépendantes (EHPAD) et deux jours avant une nouvelle mobilisation des personnels et directeurs de ces structures, jeudi dernier, les Assises nationales des EHPAD ont mis en lumière la dégradation des conditions de travail des agents et de la prise en charge des résidents. Les contours de « l'EHPAD bashing » dans les médias ont fait l'objet d'un large débat.
« EHPAD bashing ou pas, et sans généraliser des situations exceptionnelles, la médiatisation a permis de poser le débat durablement sur la situation dans les EHPAD et d’obtenir une écoute. Le précédent en la matière, c’est la canicule » rappelle Claudy Jarry, président de la Fédération nationale des associations de directeurs d'établissements et services pour personnes âgées (FNADEPA), qui a apporté son soutien à la mobilisation du 15 mars. Sans la médiatisation des 117 jours de grève des personnels de l’EHPAD des Opalines de Foucherans (Jura), au printemps dernier, « on ne parlerait pas aujourd’hui de la prise en charge dans la dignité, ni du besoin de reconnaissance des personnels, alors que la souffrance touche aussi bien les agents que les directions », abonde Anne-Sophie Pelletier, aide médico-psychologique et représentante CGT aux Opalines.
Trois fois plus d’accidents de travail
Manque de reconnaissance, pénibilité physique, charge émotionnelle et parfois perte de sens… Les causes du malaise sont connues.
À côté de la surcharge de travail, première cause de burn-out, « les objectifs irréalistes, le décalage entre la pratique idéale et le concret, ainsi que le manque de reconnaissance ont des conséquences sur l’activité, et notamment la dépersonnalisation des résidents où le patient est vu comme une chose » explique le Dr Gérard Sebaoun, ancien député et médecin, spécialiste du sujet. Souffrant plus de maladies psychiques que la moyenne des Français, les personnels des EHPAD sont également victimes de trois fois plus d’accidents du travail, selon le rapport AT/MP de 2016.
« En prenant du recul sur la question de l'EHPAD bashing et de la maltraitance institutionnelle, on peut affirmer que le manque de moyens a des conséquences sur le quotidien des soignants et sur la prise en charge des résidents », juge Caroline Fiat, ancienne aide-soignante en EHPAD, aujourd’hui députée La France insoumise (LFI) de Meurthe-et-Moselle et corapporteure de la mission sur les EHPAD.
Invitée des Assises, Agnès Buzyn, a indiqué ne pas être « sourde » aux inquiétudes d'un secteur où il est « beaucoup question de souffrance ». La ministre de la Santé a confirmé des mesures (voir encadré) 48 heures plus tard.
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