LA FÉDÉRATION santé-sociaux de la CFDT vient de sonder 38 455 personnels soignants sur leurs conditions de travail. Des femmes à 90 %, exerçant leurs métiers d’ASH, d’aides soignantes, d’infirmières spécialisées ou non (auxquelles il faut ajouter les sages-femmes)… dans tous les secteurs de l’hôpital public.
Le regard de ces professionnels est très négatif : 93 % des personnes interrogées trouvent leur travail stressant ; 57 % disent avoir « des problèmes liés au stress » et pour 15 %, cela dégrade leur qualité de vie. Par le biais du stress ou d’autres facteurs, 71 % des sondés affirment que le travail a un effet négatif sur leur santé (41 % évoquent des douleurs musculaires, 20 % des troubles du sommeil…). En terme d’évolution des conditions de travail, l’ensemble des professionnels estiment avoir vécu une dégradation ces cinq dernières années ; pour deux agents sur trois, ce sont les changements intervenus dans leur charge de travail (intensité et accélération du rythme) qui contribuent le plus à cette dégradation. Les aides-soignants et les infirmiers, surtout en médecine, gériatrie, urgences et obstétrique, ressentent ce mouvement le plus fortement.
La CFDT décèle par ailleurs dans son enquête « une organisation du travail incohérente avec les besoins des services et des personnels ». Elle note que 62 % des personnes interrogées travaillent en effectif minimum toute la semaine, que 54 % jugent que le mode de gestion des absences dégrade les conditions de travail, que 39 % se plaignent de l’accroissement de tâches administratives et que 42 % indiquent être rappelés sur leur temps de repos.
Quant au jugement porté sur l’organisation médicale du travail (voir graphique), il est sans concession : pour 63 % des paramédicaux interrogés, cette organisation est problématique et 41 % estiment qu’elle… désorganise complètement le travail ; 55 % affirment qu’elle ne tient pas suffisamment compte des malades et de leurs familles ; 67 % disent que le chantier de l’amélioration de l’articulation entre les organisations médicale et non médicale s’impose. Toutefois, les personnes sondées ne jettent pas le bébé avec l’eau du bain : elles estiment à 70 % que le travail d’équipe est une réalité et reconnaissent à 64 % se sentir « sécurisées » par l’organisation médicale.
Globalement, toutefois, le jugement est sévère : « On ne peut pas continuer à penser que (...) le service est à la disposition du médecin quand il veut et comme il veut », commente Nathalie Canieux, secrétaire générale de la fédération santé-sociaux de la CFDT. « On attend la tournée du médecin, on attend ses prescriptions, ses décisions et pendant ce temps-là, ça traîne », explique-t-elle, ajoutant que des améliorations sont possibles pour peu que les médecins consentent à en discuter.
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