LES SPÉCIALISTES alsaciens ne font pas mentir, sur le terrain, les projections de l’assurance-maladie. Le secteur optionnel ne les enthousiasme pas. Ainsi, le Dr Hubert Calderoli, chirurgien viscéral à la clinique de l’Orangerie, en juge-t-il l’idée tout simplement inconcevable : « L’acte chirurgical n’a jamais été payé à sa juste valeur, le secteur II n’est lui-même qu’une rustine, il serait impossible de travailler autrement », s’exclame-t-il en rappelant le poids énorme des frais techniques et professionnels. Il souligne en outre que les chirurgiens « travaillent un maximum de trente ans », soit dix ans de moins qu’un médecin moyen, et que leurs honoraires, en France, sont déjà les plus faibles d’Europe occidentale. Le Dr Jean-Christophe Weber, exerçant dans la même clinique, confirme le peu d’attractivité du nouveau secteur pour « tout chirurgien qui travaille normalement ». Pour ces deux chirurgiens, qui s’inquiètent par ailleurs des problèmes croissants de recrutement dans leur discipline, le secteur optionnel est « une réponse politique au fait que 2 à 3 % des médecins français ont trop tiré sur la corde des dépassements », alors que l’immense majorité d’entre eux les utilise avec modération. De plus, rappellent-ils, « nous faisons des devis systématiques qu’il nous arrive aussi de réduire quand le patient nous le demande, et nous soignons les CMU comme tout le monde, sans même leur poser la question au départ, car c’est une affaire de principe ».
Gynécologue-obstétricien à Strasbourg, le Dr Henry Bretz n’est pas fondamentalement contre le concept de secteur optionnel, mais se demande si ce dernier réglera vraiment les problèmes de la spécialité, y compris son renouvellement. « Nous sommes de moins en moins nombreux, et le gouvernement comble la pénurie en faisant venir des médecins étrangers imparfaitement formés : ce n’est sûrement pas en limitant encore les honoraires qu’on remédiera à cette désaffection. » Certes, il se prononcera après avoir fait un calcul arithmétique pour savoir si la réduction de ses charges améliore son revenu net, mais il n’en est pas certain. Par contre, poursuit-il, il est dommage de montrer toujours du doigt certains dépassements excessifs, alors que la majorité des médecins pratique « des petits dépassements avec tact et mesure ». Installé en outre dans un « quartier sensible qui se paupérise », le Dr Bretz est amené à recevoir de plus en plus de patientes en CMU… et est souvent payé tardivement et au tarif minimal pour ces dernières, alors qu’il verse des charges identiques quelles que soient ses patientes. « Je pense donc que l’on devrait déjà adapter le montant de nos charges à la réalité de notre patientèle et, par exemple, quand on fait 25 % de CMU, n’avoir les charges et cotisations du Secteur II que pour les 75 % d’activité réalisés dans ce cadre, et non la totalité », explique-t-il. De même, poursuit-il, je m’étonne que l’on ait baissé la TVA dans les cafés, mais pas pour le matériel médical : « Quand j’achète un échographe à 50 000 euros, je paye 10 000 euros de TVA dessus, que je ne récupère pas. » Selon lui, si l’on veut réduire les dépassements, il faut d’abord baisser le prix de revient des actes.
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