La marmite bouillonne : depuis la présentation du projet de loi de santé en conseil des ministres, pas un jour ne passe sans qu’un syndicat de médecins libéraux n’exprime une vive colère ou lance un appel à la mobilisation, malgré les gages donnés par Marisol Touraine à la profession (« Le Quotidien » du 20 octobre). Si ce texte exacerbe les critiques, l’exaspération agrège d’autres dossiers : le gel des tarifs, le « harcèlement » des caisses, le manque de moyens pour les médecins traitants...
Pendant les vacances, les médecins ferment aussi
Premier à démarrer, MG France a appelé les généralistes à fermer leur cabinet le 6 janvier 2015, date symbolique du quatrième anniversaire de la dernière revalorisation d’honoraires. Mot d’ordre : la défense de la médecine générale face aux attaques. Dans le projet de loi de santé, le syndicat du Dr Leicher cible l’autorisation de la vaccination pour les pharmaciens et les sages-femmes, l’instauration de pratiques avancées pour les paramédicaux et la « suradministration » des soins ambulatoires par les agences régionales de santé.
Cette semaine, l’UNOF (CSMF) a haussé le ton à son tour en appelant à une semaine de fermeture nationale des cabinets de médecine générale... du 24 au 31 décembre, période de cong. « Trop, c’est trop ! La coupe est pleine pour les généralistes », tonne le syndicat du Dr Luc Duquesnel dont la liste de griefs ressemble à celle des courses : nouveau service territorial de santé « dirigé par les ARS », création du métier d’infirmières cliniciennes, élargissement de la vaccination, obligation de tiers payant généralisé mais aussi blocage du C, nomenclature inadaptée aux consultations complexes, absence d’aide financière pour la mise aux normes, « délit statistique » sur les prescriptions de transports ou d’arrêts de travail...
La menace d’un front uni
Le Syndicat des médecins libéraux (SML) a choisi un autre mode de contestation. « La dénonciation de la convention médicale est de plus en plus nécessaire, argumente le président Roger Rua. C’est le seul moyen de bloquer ce projet de loi liberticide ». Pour le SML, Marisol Touraine a « déclaré la guerre » aux libéraux en « étatisant » le système de santé.
Au-delà de ces appels, un front commun est-il possible ? Certains le souhaitent ouvertement. La Fédération des médecins de France (FMF) exhorte les généralistes et spécialistes à cesser leur activité fin décembre pour « faire la démonstration grandeur nature de ce que sera la France sans médecine libérale ». MG France invite les syndicats de généralistes à se rencontrer « au plus tôt » pour donner aux responsables politiques un signal « unitaire ». Même l’Union française pour une médecine libre (UFML), qui avait appelé à un arrêt des gardes « progressif et gradué », a annoncé qu’elle soutenait la grève de fin décembre, souhaitant un mouvement « dur et unitaire à partir du 24 décembre ».
L’union sacrée paraît toutefois peu probable à un an des élections professionnelles en médecine libérale. Pour l’instant, la tentation reste forte pour chacun de jouer sa propre carte, tout en plaidant pour la mobilisation la plus efficace possible.
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