Le centre hospitalier de Saint-Nazaire est-il à l’origine d’un partenariat public/privé modèle pour la permanence des soins ? C’est ce que pense l’Agence nationale d'appui à la performance des établissements de santé et médico-sociaux (Anap), qui cite cet hôpital parmi les retours d’expériences réussis compilés dans une récente publication relative à la « permanence des soins (PDS) partagée ».
Depuis treize ans, une équipe commune d’anesthésistes a accès au plateau technique (blocs et imagerie) de la Cité sanitaire, site partagé entre l’hôpital et la clinique mutualiste de l’Estuaire. L’équipe est constituée de 25 équivalents temps plein, moitié hôpital, moitié clinique. Chaque jour, un médecin de chaque établissement intervient. Deux lignes de PDS sont opérationnelles, une pour le bloc opératoire et une pour la maternité.
Au bloc, la garde commence à 18 heures et se termine le lendemain à 8 heures. Jusqu’à minuit, un infirmier est présent. Le médecin anesthésiste dispose d’une salle d’intervention et est toujours accompagné par une infirmière anesthésiste. « C’est un grand confort, si un médecin est en difficulté, il peut être aidé », se félicite le Dr Raphaël Khalifa, chef du service anesthésie, chirurgie, médico-technique de l’hôpital. Les médecins font deux à trois gardes par mois.
Encore trop de bugs informatiques
Le tableau de garde est établi deux à trois mois à l’avance. L’organisation est très claire et réglementée. Il y a très peu d’absences et l’équipe est au complet.
Le constat d’un besoin d’une prise en charge locale est établi par l’ARS en 2009
Signe de la qualité de ce modèle de PDS partagée, les échanges sont fluides lors des réunions de service communes. Il n’existe pas de hiérarchie entre l’hôpital et la clinique en dépit des différences de statut. « Ce qui est important pour nous, c’est la bonne communication entre anesthésistes, chirurgiens, médecins, paramédicaux et administration », prône le Dr Pierre-Paul Binachon, anesthésiste à la clinique. Deux points restent à améliorer dans cette PDS partagée : l’informatique, encore trop sujette aux bugs ; le développement de la chirurgie pédiatrique au regard des besoins.
L’Anap salue aussi le fonctionnement de l’astreinte mutualisée en cardiologie interventionnelle entre l’hôpital et, cette fois-ci, la polyclinique de l’Europe. Situés à trois kilomètres de distance, les deux établissements travaillent ensemble sur différents projets depuis vingt-cinq ans.
Des internes en soutien
Le constat d’un besoin d’une prise en charge locale est établi par l’ARS en 2009. « On s’est rapidement rendu compte qu’il n’y avait pas de légitimité à envoyer des patients à Nantes alors que nous avions ici des médecins compétents en cardiologie interventionnelle, contextualise le Dr François Huchet, cardiologue hospitalier arrivé en 2018 avec une nouvelle équipe de jeunes médecins. La mutualisation de la salle de soins entre l’hôpital et la clinique a permis d’étaler les moyens. »
L’équipe est composée de quatre médecins en ETP. Les spécialistes de l’hôpital et de la clinique assument à parts égales les astreintes – alors que les hospitaliers gèrent 75 % des gardes et les libéraux 25 %. L’équipe paramédicale est entièrement mise à disposition par l’hôpital. Les libéraux interviennent sur le site de l’hôpital, où est implanté le matériel d’angioplastie coronaire.
Connus six mois à l’avance, les plannings doivent être remplis deux mois et demi avant l’astreinte. Les libéraux sont prioritaires dans le remplissage, du fait de l’absence de repos compensateur. Cinq à sept internes assurent les gardes à temps plein en complément de l’astreinte. Mais contrairement à l’anesthésie, la cardiologie interventionnelle ne fait pas le plein de médecins. Selon le Dr Huchet, quatre spécialistes manquent à l’appel pour que l’équipe soit complète. « On fait tourner le service à deux tiers de l’effectif cible, mais avec des perspectives de recrutement ultérieur côté public comme privé », se rassure le médecin.
Là encore, la communication entre les praticiens est bonne. Les freins sont plutôt de l’ordre de la gouvernance et de la conduite managériale de la polyclinique. Pour éviter les transports de patients de cette dernière vers l’hôpital et faire face à la demande croissante, un deuxième site ouvrira d’ici au premier semestre 2026 sur le site de l’établissement privé.
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