1 035 agressions, vols ou dégradations déclarés en 2017

Sécurité : les syndicats de médecins veulent du concret

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Publié le 09/04/2018
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AGRESSION

AGRESSION
Crédit photo : PHANIE

Affichant un triste record en 2017 avec 1 035 incidents déclarés par les praticiens auprès de l’Ordre (CNOM) contre 638 en 2003, le dernier rapport de l’Observatoire de la sécurité des médecins n’a pas manqué de faire réagir la profession.

Créé en 2003 par le CNOM, cet outil enregistre les agressions verbales ou physiques, menaces, vols ou dégradations dont témoignent les praticiens. Les plus touchés par ces incivilités et violences, les généralistes et les femmes, représentent respectivement 44 % et 47 % de la profession, mais sont à l’origine de 61 % et de 51 % des déclarations d’incidents.

Il s’agit pour 62 % des cas d’agressions verbales et de menaces et de vols ou tentatives de vols (23 %), principalement d'ordonnances. Les agressions physiques représentent 7 % des incidents déclarés en 2017. Dans la majorité des cas, aucune suite n’est donnée, même si de plus en plus de médecins déposent une plainte (38 % en 2017 contre 32 % en 2016). Seuls 10 % des incidents donnent lieu au dépôt d’une main courante.

Caméra dans les salles d'attente

Face à cette situation, les syndicats réclament la mise en place de mesures concrètes pour assurer la sécurité des médecins. La CSMF, pour qui le problème est « sociétal », en appelle à la « responsabilité des pouvoirs publics » et demande la sécurisation des cabinets médicaux par la mise en place de boutons d’alarme dans les cabinets et par l’installation de caméras de vidéosurveillance proches sur la voie publique. La Conf' va plus loin en réclamant une aide publique pour faire entrer la vidéosurveillance dans les salles d’attente.

Reçu la semaine dernière Place Beauvau, le SML, qui n'a guère apprécié la « désinvolture révoltante » des conseillers du ministre de l’Intérieur Gérard Collomb, a élaboré une série de propositions. Outre la levée des obstacles administratifs et la mise en œuvre de la surveillance vidéo, le syndicat réclame surtout le durcissement de la pénalisation des agressions et des incivilités commises à l’égard des médecins. Ces derniers doivent être considérés comme des personnes chargées d’une mission de service public (comme l'instituteur, le chauffeur de bus ou le facteur) et être protégés en tant que tels.

MG France encourage de son côté le regroupement des professionnels et le développement du secrétariat pour que les médecins « ne soient pas seuls en première ligne ». Pour le Dr Jacques Battistoni, les incidents enregistrés en 2017 mettent en lumière « une forme de tension entre l’offre et la demande de soins » et « une augmentation des incivilités que l’on retrouve dans l’ensemble de la société. » Selon le président de MG France, les déclarations des médecins « ne reflètent finalement qu’une partie de l’ampleur du problème ».

 

 

 

Elsa Bellanger

Source : Le Quotidien du médecin: 9655