LE GROUPE COOPÉRATIF SANTÉ CITÉ (GCSC) est né en toute discrétion l’an passé. Avec une conviction : l’union fait la force. Le collectif (hier connu sous le nom de Club des 15) regroupe des cliniques privées indépendantes, 70 au total, formant 16 groupes locaux.
En chiffre d’affaires cumulé, l’attelage pèse 1,2 milliard d’euros. L’amorce d’un groupe à l’ambition nationale ? Le président de GCSC, Yves Noël, s’en défend : « Aucun partage du capital n’est envisagé, ni aucun rachat. Chaque clinique conserve son autonomie de gestion. La force de nos établissements, c’est leur indépendance. L’objectif de la coopérative, c’est la solidarité ».
Les statuts coopératifs ont été votés en juin 2012. Depuis, une base informatique commune a vu le jour, et des réunions régulières sont organisées dans un local parisien. Des quatre coins de France y assistent des directeurs d’établissement, des médecins, des pharmaciens. Les sujets débattus concernent les ressources humaines (taux d’absentéisme, recours à l’intérim), l’organisation des blocs et des astreintes, la sécurité des transfusions sanguines... Chacun livre son expérience afin d’éclairer les voisins. Certains achats seront mutualisés : « Nous nous sommes aperçus que le prix d’achat des gaz médicaux varie d’un à deux », illustre Yves Noël, directeur général du groupe de polycliniques Bordeaux Nord Aquitaine.
Joué Club et les producteurs de lait en exemple .
Yves Noël insiste sur l’absence de hiérarchie parisienne. Le modèle se veut démocratique : un coopérateur, une voix. D’autres coopératives ont inspiré les fondateurs de GCSC. Joué Club par exemple, le premier distributeur de jouets en France. Créée en 1950, la coopérative rassemble 270 adhérents et 320 points de vente. Le siège est basé à Bordeaux. Sur son site Internet, le MEDEF Gironde liste les atouts de l’enseigne ludique pour expliquer sa réussite face à la grande distribution : prix attractifs, qualité du conseil aux clients, innovation, e-commerce...
Chez Sodiaal, puissante coopérative agricole, on met aussi en avant des « valeurs » pour se démarquer de la concurrence. Sodiaal appartient à 12 600 producteurs de lait qui veulent maîtriser leur destin. « Plus la crise est forte, explique un porte-parole de Sodiaal, plus le système coopératif permet de résister. Une coopérative n’est ni délocalisable, ni "OPAble" ».
Le président de GCSC est convaincu de l’avenir de sa coopérative : « Le modèle des groupes de cliniques adossés à des fonds d’investissement s’essoufle, et les cliniques à la papa isolées sont fragiles. Nous voulons construire une 3e voie ».
Cette alternative a déjà été testée en Midi-Pyrénées : 6 cliniques indépendantes ont fait alliance l’an passé sous la bannière « Clinavenir ». Elles partagent des protocoles de soins, coopèrent à l’aide de consultations avancées, parlent désormais d’une même voix à l’ARS.
Le groupe coopératif santé cité est ouvert à de nouveaux adhérents. Le président du syndicat FHP-MCO, Lamine Gharbi, se dit tenté. « Cela me plaît car je suis indépendant. Je gère 9 établissements dans l’Hérault. En adhérant à un GIE, j’ai déjà diminué le coût de mes assurances et obtenu de meilleures garanties ». À ses yeux aussi, l’union fait la force.
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