Alternative possible au rachat ou au dépôt de bilan

Des cliniques tentées par l’aventure de la société coopérative

Publié le 21/07/2014
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La clinique Malartic, à Ollioules, dans le Var, a connu la descente aux enfers. Déficit, procédure de sauvegarde, départ précipité de médecins... La disparition a été évitée de peu. Les Mutuelles de France du Var, propriétaires, n’ont plus les moyens d’investir. Face à l’absence de repreneur, les salariés envisagent de passer aux commandes. Ce serait une première en France dans le secteur hospitalier.

« On s’est dit qu’on est peut-être les seuls à pouvoir sauver l’entreprise », expose Joëlle Arnal, secrétaire médicale et déléguée du personnel. L’objectif est double : sauver 150 emplois, et maintenir une offre de soins sans dépassements d’honoraires à l’ouest de Toulon. Les médecins, en secteur 1, tiennent à conserver l’esprit du privé non lucratif.

Le Dr Jean-Marc Devevey, chirurgien urologue, président de la commission médicale d’établissement, défend le projet de société coopérative d’intérêt collectif (SCIC, voir encadré). 80 % du personnel approuve l’idée. Ont été mis sur le coup un avocat, un expert-comptable, l’union des coopératives de la région PACA. Des statuts ont été rédigés. Le capital social initial, fixé à 20 000 euros, est divisé en 200 parts de 100 euros. À répartir entre médecins, pharmaciens, salariés, patients, institutions, mutuelles, collectivités locales, regroupés en collèges. Aucune redistribution de bénéfices n’est prévue.

La question du management en suspens

Le foncier serait loué aux Mutuelles du Var. Deux banques apporteraient 1,5 million d’euros pour le fonds de roulement. Mais où trouver le financement nécessaire à la modernisation des chambres ? Et à qui confier le pilotage de la SCIC ? « Je suis urologue, je n’aspire pas à être directeur », prévient le Dr Devevey. Même réaction du Dr Pierre Le Dantec, anesthésiste. « Mais j’aime bien l’idée de défendre ma destinée et de participer à une opération pour éviter l’écueil ».

Les lits de la clinique Malartic, spécialisée en soins de suite, intéressent d’autres acteurs locaux. L’agence régionale de santé (ARS) PACA n’a pas arbitré. Son directeur général, Paul Castel, est prudent. « Il faut voir le business plan ». Les Mutuelles du Var, de même, réservent leur réponse.

Patrick Hontebeyrie, appelé à la rescousse comme manager de transition, a remis l’établissement sur les rails. Voilà deux mois qu’il en est parti. Il voit dans la SCIC la possibilité d’une « deuxième jeunesse » pour le secteur privé non lucratif, « en évitant à des établissements d’être repris par des actionnaires privés ». Gare aux frais fixes, toutefois. La solution à ses yeux : muscler l’activité ambulatoire.

À Rodez, un autre projet de SCIC concerne une clinique privée commerciale, fermée pour non-respect des règles de sécurité. L’union régionale des SCOP de Midi-Pyrénées apporte son appui technique... et financier. « On est prêt à mettre 500 000 euros, explique Cyrille Rocher, de l’union des SCOP. Une clinique, ce sont des tarifs, des clients solvables. La santé nous intéresse. Dans la région, des groupes de professionnels de santé veulent aussi fonder une SCIC. L’un de ces projets aboutira sûrement début 2015 ». L’ARS, là aussi, ne s’est pas prononcée.

Delphine Chardon

Source : Le Quotidien du Médecin: 9343