Plus d’eau minérale gratuite, de sel, de poivre, d’huile. Et surtout, plus de parmesan, de yoghourts et de confiture au petit déjeuner. Depuis trois jours, les patients hospitalisés dans deux structures publiques importantes de la ville de Crémone (nord) sont soumis à un régime strict. Non pas pour des raisons de santé mais plus simplement, par souci d’économie. Pour éviter à la Péninsule d’être dévorée à la sauce grecque, le gouvernement de technocrates de Mario Monti a en effet adopté plusieurs mesures d’austérité qui frappent de plein fouet la plupart des hôpitaux italiens.
Réduire les dépenses
Selon ces plans de rigueur, les structures publiques italiennes doivent dépenser moins et mieux. L’objectif fixé par le gouvernement est d’obliger les établissements à réduire leurs dépenses de 5 %. Soit l’équivalent d’un million deux cent mille euros d’ici à la fin de l’année en ce qui concerne les deux hôpitaux de Crémone. Une mission a priori impossible. « Nous avons d’abord essayé de renégocier les contrats avec les fournisseurs. Mais nos propositions n’ont pas été acceptées », explique Luigi Ablondi, directeur général de l’hôpital Maggiore.
La direction aurait pu revoir les menus des patients en éliminant les aliments les plus coûteux. « C’est trop compliqué car nous devons respecter des normes précises quant à la qualité, la typologie et la diversité des denrées prévues par les spécialistes », analyse Luigi Albondi. Du coup, le directeur général a opté pour une décision « difficile mais obligatoire ». Les patients devront acheter les bouteilles d’eau vendues 40 centimes pièce dans les distributeurs disséminés le long des couloirs de l’établissement. Pour le reste, ils devront se retourner vers leurs familles.
Les syndicats protestent
Selon les responsables des deux hôpitaux touchés par l’adoption de ces mesures d’austérité, des coupes seront aussi effectuées au niveau des services de nettoyage comme la teinturerie et des fournitures de bureau. Mais l’introduction de ces dispositifs inquiète au plus haut point les syndicats. « Les décisions adoptées démontrent les effets négatifs du plan de réduction des dépenses publiques », estime la confédération générale italienne du travail (CGIL) dans un communiqué publié mercredi dernier. Selon le premier syndicat italien qui compte quelque 6,5 millions d’adhérents, « les précaires et les citoyens sont les premiers à payer le prix fort ». Pour protester contre la « politique d’appauvrissement des Italiens du gouvernement Monti », la CGIL a organisé une manifestation le 28 septembre prochain à Rome.
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