L’Assistance publique-Hôpitaux de Paris a officiellement entériné la fermeture des urgences de l’Hôtel-Dieu, programmée pour le 4 novembre 2013. La décision, annoncée hier mardi, a suscité de nombreuses réactions des politiques et des acteurs du monde hospitalier. Extraits.
Bertrand Delanoë, maire socialiste de Paris
« Je souhaite que les concertations et travaux au sein de l’AP-HP se poursuivent car de nombreuses incertitudes subsistent sur le renforcement des autres services d’urgences, préalable indispensable pour le service d’accueil en urgence 24H/24H envisagé sur le site de l’Hôtel-Dieu. Je n’admettrai pas que la fermeture d’un service public central à Paris conduise à une dégradation de l’accès aux soins. »
Lydia Guirous, responsable UDI - Paris 2e arrondissement
« La gauche parisienne a sacrifié le service public hospitalier parisien pour réaliser une opération immobilière de court terme, qui consiste à vendre le siège de l’AP-HP avenue Victoria pour combler partiellement son déficit courant. (...) Il en résultera une baisse de la qualité des prises en charge (déjà médiocre en terme de délai) ... La cerise sur le gâteau réside sans nul doute dans la concession de service public que s’apprête à signer Jean-Marie Le Guen [député PS de Paris] et la direction de l’AP-HP avec le futur centre de bobologie privée qui va s’implanter dans l’Hôtel-Dieu. »
Ian Brossat, président du groupe PCF/PG au Conseil de Paris
« Cette décision unilatérale guidée par les seuls intérêts financiers est un coup de poignard contre les Parisiens et contre le droit à la santé. La politique d’austérité du gouvernement trouve ici une traduction concrète. Il est particulièrement malheureux que Jean-Marie Le Guen, adjoint au Maire de Paris chargé de la Santé, n’ait rien fait, rien entrepris, pour empêcher cette fermeture. Pire encore, depuis des mois, il prépare les esprits à cette décision en allant jusqu’à inventer le concept fumeux d’« hôpital debout. »
Jacques Boutault, maire du 2e arrondissement parisien Europe-Ecologie-Les Verts
« Cette fermeture est ancrée dans une vision de Paris qui n’est pas la mienne. Celle d’un Paris invivable, livré à la spéculation foncière, le Paris du travail le dimanche et des tours. Le projet de restructuration actuel n’est rien de moins qu’une opération immobilière, l’AP-HP vendant son siège et désirant implanter ses bureaux sur le site; »
La CGT santé de l’Hôtel-Dieu
Le syndicat dénonce « une décision inique ne tenant pas compte des besoins de santé de la population et des salariés de la capitale ». « Madame Faugère [la directrice générale de l’AP-HP] n’a pas pu ou voulu affronter directement les agents concernés par sa décision. En tout état de cause, la lutte continue (...) », prévient l’organisation syndicale.
Pr Bernard Granger, porte parole du mouvement de défense de l’hôpital public
« Monsieur Claude Evin, directeur général de l’agence régionale de santé d’Ile-de-France (ARSIF), a été reçu ce même jour par la CME de l’AP-HP pour parler du plan d’économie 2013 et des investissements à venir. Son exposé nous a notamment appris que le projet Hôtel-Dieu n’était pas autofinancé, contrairement à ce qui avait été annoncé par la direction générale et surtout demandé par la CME dans sa motion du 10 juillet dernier. En effet, ce projet, qui inclut notamment le déménagement du siège de l’AP-HP, est estimé aujourd’hui à 160 millions d’euros, mais l’autofinancement n’est que de 80 %. La direction générale a affirmé être à la recherche de financements complémentaires, sans autre précision. Beaucoup craignent que ce projet ne soit un gouffre financier : nous en voyons la préfiguration. »
Act-Up Paris
« Le démantèlement de l’Hôtel-Dieu est une déclaration de guerre faite aux malades. Act Up-Paris appelle le gouvernement PS-PRG-EELV à faire machine arrière. Cette décision pèsera lourd aux prochaines municipales. Que les socialistes qui ont un peu à cœur les intérêts des malades se fassent enfin entendre. »
L'appel des médecins de l'Hôtel-Dieu à la ministre de la Santé (extraits)
« Le démantèlement de cet hôpital (suppression des urgences et des lits) impacterait l'ensemble des hôpitaux parisiens, déjà saturés, alors que l'Hôtel-Dieu apporte excellence et proximité. Ce démantèlement doit s'arrêter puisqu'un projet médical cohérent et économiquement équilibré existe. » (...)
1) Nous, médecins, ne pouvons être les complices passifs de décisions bureaucratiques qui nous privent des moyens de soigner les malades. 2) Nous, médecins, affirmons et démontrons qu'il faut des lits pour soigner les malades (...) 3) Nous, médecins, réclamons l'arrêt du processus de fermeture de l'Hôtel-Dieu : les urgences doivent être maintenues, les lits nécessaires doivent être conservés, la chirurgie ophtalmologique et ambulatoire doit être soutenue, le plateau technique doit être développé pour assumer les flux de patients très importants qu'implique la prise en charge ambulatoire d'une population de plus en plus précaire. (...)
Lire l'appel en totalité (PDF), signatures de soutien à envoyer au Dr Gérald Kierzek, urgentiste à l'Hôtel-Dieu.
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