Les rencontres de l’AMUF

À La Rochelle, des urgentistes « à bout de souffle »

Publié le 28/11/2011
Article réservé aux abonnés
1322471206303888_IMG_72651_HR.jpg

1322471206303888_IMG_72651_HR.jpg
Crédit photo : S TOUBON

Vingt millions d’appels, plus de 18 millions de passages annuels... « LES URGENCES hospitalières sont à bout de souffle. Comment en est-on arrivé là ? » À la question du Dr Frédéric Pain, médecin urgentiste à Parthenay, nombre de praticiens présents à La Rochelle pour les rencontres de l’Association de médecins urgentistes de France (AMUF) avaient leur réponse : la loi Hôpital, patients, santé et territoire (HPST), promulguée il y a deux ans, est responsable de la plupart des maux hospitaliers.

Invité à débattre, le Dr Claude Pigement, gastroentérologue, et conseiller santé de François Hollande, comprend la grogne des médecins. Pour lui, « l’engorgement des urgences est révélateur des failles du système de santé résultant de la loi Bachelot : on doit y voir les limites de la médecine de proximité telle qu’elle est organisée et les conséquences du renoncement à certains soins de médecine de ville ». Le message est clair : l’augmentation du reste à charge et des franchises en médecine libérale conduit un nombre patients à fréquenter inutilement l’hôpital.

Les médecins voudraient faire de la santé un enjeu de l’élection présidentielle, comme l’était la sécurité en 2007. Le Dr Patrick Pelloux, président de l’AMUF et médecin urgentiste à Paris, est remonté : « La loi Bachelot nous empêche de faire notre métier ! Avec l’introduction de l’administratif au cœur des services d’urgences, les médecins n’ont plus leur mot à dire sur le matériel, ni même sur la pharmacopée. À la place, on nous impose des chefs de pole à l’esprit comptable qui sortent des Ponts et chaussées et non des facultés de médecine ». Que faire ? Pour le Dr Marie-Laure Tissandier, médecin urgentiste à La Rochelle, la profession a sa part de responsabilité : « Par égoïsme et par confort, les libéraux ont déserté les plages de nuit profonde. Nous devons augmenter les gardes la nuit et le jour, valoriser les visites de généralistes et spécialistes à domicile en zone rurale. C’est comme cela que nous réglerons le problème des urgences ». Le Dr Pelloux, lui, se veut incisif : « Le désengorgement des urgences est un faux problème. Ce qu’il faut, c’est réorganiser. Et pour ça, il faut abroger la loi Bachelot. Les candidats doivent être clairs sur ce point », glisse-t-il à l’intention du conseiller santé de François Hollande. Murmure dans la salle. Claude Pigement écoute, note. « Sur la loi HPST, je suis embêté. Il faudra remettre à plat certaines mesures, notamment sur les dépassements et la tarification à l’activité, mais l’abrogation… ». La phrase reste en suspens.

ANNE BAYLE-INIGUEZ

Source : Le Quotidien du Médecin: 9049