Le 4 novembre 2013, les urgences de l’Hôtel-Dieu, en plein Paris, tireront le rideau. Ainsi en a décidé ce mardi l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP). Loin d’éteindre la polémique, l’annonce officielle attise le feu qui couve depuis des mois. Aussitôt les élus locaux sont montés au créneau.
Que prévoit la nouvelle organisation sur l’île de la Cité ? Le maintien à l’Hôtel-Dieu des activités médico-judiciaires, la fermeture du service d’accueil des urgences (40 000 passages par an), la mise en place d’un SMUR H24, et l’ouverture de consultations au tarif opposable et sans rendez-vous, également H24.
Voilà pour les missions générales du nouvel Hôtel-Dieu, conçu comme un hôpital universitaire de santé publique, sans lits. Un « hôpital debout », selon la direction. Dans le détail, tout reste à définir : l’organisation des activités et de la permanence des soins, la composition des équipes et le rôle joué par les médecins libéraux, l’invention d’un nouveau modèle de financement, la façon dont sera intégrée la recherche dans l’activité de soins.
40 000 passages aux urgences à redistribuer
L’AP-HP a désigné une équipe pour répondre à ces questions dans les prochains mois. À sa tête, le Pr Yves Fagon déroule la logique poursuivie : « Il y a quatre énormes hôpitaux à moins de 3 km de l’Hôtel-Dieu : Cochin, la Pitié-Salpêtrière, Saint-Antoine et Lariboisière. Les 40 000 passages aux urgences de l’Hôtel-Dieu seront redistribués vers ces sites, avec un redéploiement d’environ 80 % du personnel. Des travaux d’adaptation permettront d’absorber cette surcharge. D’après l’hypothèse retenue, il n’y aura pas d’aggravation du délai d’attente aux urgences dans Paris intra muros ».
Le Dr Gérald Kierzek, urgentiste à l’Hôtel-Dieu et fer de lance de la contestation, parie au contraire que les autres urgences parisiennes vont rapidement saturer. « On démédicalise le centre de Paris, dit-il. Si un attentat survient, comme à Boston, chacun prendra ses responsabilités ». Il ajoute : « La décision prise est administrative. Elle a le mérite de la clarté, on sort enfin de la stratégie du pourrissement. Mais il va falloir expliquer cela à la population qui votera en 2014. Aux politiques de prendre position ».
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