MISSION désembourbage. Hier hôpital le plus déficitaire de France, gangrené par des bisbilles syndicales et des conflits opaques, le centre hospitalier intercommunal de Poissy Saint-Germain (CHIPS) opère sa mue. La reconstruction sur un site unique, à Chambourcy, est renvoyée à plus tard.
Le CHIPS a préféré une option quatre fois moins coûteuse : moderniser ses deux sites pour rester l’établissement de référence dans le Nord des Yvelines. Des travaux à 100 millions d’euros financés par l’Agence régionale de santé (ARS) d’Ile-de-France, l’établissement lui-même (via des cessions patrimoniales et des économies), et peut-être l’État. Le CHIPS table sur un retour à l’équilibre en 2014. Le tout nouveau projet d’établissement s’appuie sur les complémentarités et répartit les activités entre les deux sites : à Saint-Germain l’ambulatoire, la cancérologie, des consultations urgentes, à Poissy le plateau technique lourd.
Claude Évin, le patron de l’ARS, a assisté au dernier conseil de surveillance. Il a réassuré au CHIPS le soutien de l’Agence. En contrepartie, l’hôpital s’engage à doper son activité et à remplir son rôle de proximité (42 % de taux de fuite observé en médecine, chirurgie, obstétrique). À la manœuvre depuis 2011, le directeur du CHIPS parle d’un retour à la normale. « Notre déficit a été très solidement réduit. Les effectifs non médicaux ont fondu de 10 % depuis les pires années du déficit », illustre Yves Bloch.
Le moral est revenu.
Recours à des cabinets de consultant, séminaires, groupes de travail... D’importants efforts ont été déployés pour fédérer les équipes et relancer une dynamique. La présidente de la CME, le Dr Jacqueline Selva, indique que 240 médecins (sur 300) ont signé une motion qui engage la communauté médicale sur une nouvelle voie. La CME a adopté le projet médical à la quasi-unanimité. « Le moral des troupes est revenu. Nous avons échappé à une spirale infernale et à une hémorragie de départs », confesse la présidente de CME.
Le maintien sur deux sites implique deux blocs opérations, deux salles de réveil. Est-ce pertinent en période de crise ? La question sera reposée dans quelques années. « Pour le moment les conditions financières ne sont pas remplies pour une reconstruction à Chambourcy, estime le directeur, Yves Bloch. La région Ile-de-France a déjà un exemple de regroupement massif, avec l’hôpital Sud francilien, que l’ARS doit financer. Les autres hôpitaux de la région n’ont sans doute pas envie d’être ponctionnés pour le CHIPS ». La présidente de la CME complète : « Travailler sur deux sites, c’est lourd et cela prend du temps. Nous souhaitons tous le site unique mais demander des fortunes est irréaliste ».
La chambre régionale des comptes d’Ile-de-France se penche actuellement sur le cas du CHIPS. Son rapport est attendu à l’automne.
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