UN PROJET de réorganisation des horaires dans deux services de réanimation du CHRU de Lille suscite l’inquiétude de ses personnels. Une pétition circule depuis plusieurs jours à l’hôpital Salengro, à l’initiative des syndicats CGT et FO pour réclamer la non-application des nouveaux horaires. Elle a déjà recueilli 32 signatures, sur les 56 soignants du service concerné.
C’est l’éventualité d’un passage à une journée de douze heures pour les infirmières et aides-soignantes qui a semé cet émoi. Les responsables des services de réanimation polyvalente de l’hôpital Salengro et réanimation pédiatrique de l’hôpital Jeanne de Flandres souhaitent expérimenter ce nouvel horaire déjà pratiqué dans plusieurs hôpitaux. « Cette organisation permettrait d’avoir moins d’intervenants différents au cours de la journée et d’assurer une meilleure continuité dans le travail des soignants, souligne Freddy Serveaux, directeur des ressources Humaines. La journée de douze heures évite notamment les chevauchements en début d’après-midi et permet un meilleur étalement des soins. »
Du côté des soignants, l’accueil est beaucoup plus réservé pour ne pas dire hostile. « Le travail en réanimation demande une concentration de tous les instants. Les infirmières réalisent des gestes très techniques qui réclament une attention optimale et continue. Comment garder cette vigilance pendant douze heures d’affilée ? », s’interroge Gamila Mestaoui, déléguée syndicale Force Ouvrière qui redoute les erreurs humaines. « Depuis les récents accidents dus à des erreurs de dosages, les infirmières vivent la peur au ventre. Comment pourront-elles gérer ce stress sur une durée aussi longue ? »
La direction des Ressources Humaines reconnaît que l’application de ces nouveaux horaires nécessiterait une remise à plat complète des modalités de remplacements. « Il faudrait sans doute constituer une équipe dédiée spécialement au service. En cas d’absentéisme inopiné, il est en effet impensable de demander à une personne qui vient de faire douze heures d’enchaîner avec une deuxième journée ».
Devant le tollé provoqué par l’affaire, le CHRU se veut rassurant, évoquant juste un « projet envisagé, à une échéance non encore précisée ». Mais les personnels préfèrent prendre les devants.
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