Lundi matin, la direction de l’hôpital Nord de Marseille a porté plainte pour violences et dégradations auprès du commissariat de police de la ville, à la suite de deux agressions survenues la nuit précédente et la veille, au service des urgences (adultes) de l’établissement.
Dimanche matin, à 6 h 45, un « individu assez trouble, connu des services de police et insatisfait du certificat médical qu’il avait entre les mains, a longuement insulté le médecin qu’il avait en face de lui, menaçant de revenir lui trouer la peau à la kalachnikov », raconte au « Quotidien » le Dr Philippe Jean, chef du service des urgences.
Patient enragé
Le lundi, à l’aube, deux frères, jeunes adultes, franchissent à leur tour la porte des urgences, après un accident de scooter. « L’un souffrait d’une plaie assez superficielle au visage, l’autre était passablement éméché, indique le médecin. Nous n’avons pas admis le second qui, de rage, à littéralement détruit une porte en bois à coups de poing et s’est introduit dans le service comme un taureau dans une arène. Le médecin senior, une jeune femme très efficace, l’a éloigné de la dizaine de patients présents par une manœuvre de diversion. Deux vigiles sont intervenus, l’un d’entre eux s’est fait sévèrement tabasser. Il a fallu attendre l’arrivée de la BAC pour que tout rentre dans l’ordre. »
Noms d’oiseaux et insultes ordinaires
Pour le personnel hospitalier, la première agression n’a rien d’extraordinaire : l’établissement se situe dans le 15e arrondissement, perché à l’extrême nord de la ville, où une partie de la population, en situation de précarité, se concentre dans des barres d’immeubles parfois insalubres. Les urgences (adultes) comptabilisent 50 000 passages par an. « Les noms d’oiseaux et les insultes classiques font partie de l’ordinaire des 15 médecins (ETP) du service, nous n’y faisons plus attention », admet le Dr Jean.
« Les personnels de l’hôpital sont formés une à deux fois par an à la gestion de la violence, précise Gilles Halimi, directeur de l’établissement. Ils connaissent la gestuelle et les mots à utiliser pour désamorcer ce type de situation. »
La seconde agression inquiète davantage. « Il s’agit d’une forme de violence physique tout à fait inhabituelle, exacerbée par l’impatience du personnage, analyse Gilles Halimi. Le Dr Jean confirme : « Bien que rares, les cas de violence physique sont beaucoup plus perturbateurs et traumatisants pour le service. »
Rondes de la BAC
Que faire ? Mis en place il y a deux ans, la « cellule burn-out » (un psychologue du travail et une infirmière) a été mobilisée pour écouter les personnels en situation de choc. La direction de l’hôpital envisage aussi d’améliorer le système de vidéo surveillance et de sécurité de l’établissement. « Des démarches auprès du commissariat sont envisagées pour rétablir les rondes nocturnes de la BAC, mises en sommeil pendant quelques années, indique Gilles Halimi. Pour obtenir un effet dissuasif, un passage par nuit serait idéal. »
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