Onze heures de vol avec quatre patients en prise en charge invasive, c'est une « première mondiale », a assuré ce jeudi l'agence régionale de la santé (ARS) de La Réunion. Afin de réduire les tensions du service de réanimation du CHU réunionnais engendrées par le nombre de patients Covid+, un premier transfert long courrier devait en effet décoller ce jeudi soir en direction de l'aéroport Charles de Gaulle.
Ce vol « inaugural », assuré par la compagnie régionale Air Austral, a nécessité de nombreuses autorisations auprès de la direction de l'aviation civile, tant pour la modification de l'appareil (l'installation des quatre civières) que pour le transport de l'oxygène et des batteries nécessaires au fonctionnement du matériel. Sans oublier les mesures de protection du personnel navigant et soignant grâce à un sens de circulation bien balisé dans l'appareil.
En « phase d'accélération »
« Ces évacuations sont indispensables. Bien que nous soyons passés de 58 lits de réanimation à 122, la tension que nous constatons exige que nous anticipions, d'autant que l'épidémie est en phase d'accélération à La Réunion », précise Lionel Calenge, directeur général du CHU. Le taux d'occupation de l'établissement est actuellement de 88 %, les Covid+ représentant près de 50 % de la capacité totale. 34 professionnels de santé au titre de la réserve sanitaire sont d'ailleurs attendus dès lundi, succédant à une première rotation d'une cinquantaine de soignants.
Les équipes du SAMU de Paris et de La Réunion se sont mobilisées en amont pour l'organisation de cette évacuation sanitaire Covid+. « Nous savions depuis des mois que nous risquions d'être réduits à ces évacuations vers la métropole car la capacité du service de réanimation à La Réunion n'est pas extensible à l'infini, explique le Pr Bertrand Guihard, chef des urgences au CHU Nord, à Saint-Denis de La Réunion. Nous étions déjà rompus à l'exercice des évacuations sanitaires de Mayotte vers la Réunion depuis le début de la crise sanitaire ».
En raison de la saturation du service de réanimation de l'hôpital de Mayotte, au moins deux rotations par jour étaient effectuées depuis le début du mois de février pour évacuer vers La Réunion jusqu'à quatre patients. « Ces rotations nous ont permis d'appréhender le risque, notamment en besoin en oxygène, qui augmente un peu, de fait, indique le Pr Guihard. Sur deux heures de vol, la situation n'a jamais été catastrophique, cela nous a laissé une marge de manœuvre pour étudier la faisabilité de ce premier vol long courrier avec des patients oxygéno-réquérants. »
40 000 litres d'oxygène
Les patients sélectionnés sont âgés de 50 à 70 ans, et sont, sans surprise, porteurs de comorbidités, notamment le surpoids et le diabète pathologies courantes dans l'Océan Indien. « Nous avons exclu d'office les patients présentant une défaillance rénale et sélectionné les patients sur des critères d'évolution de la maladie : ceux pour lesquels nous avions de bonnes raisons de penser qu'ils ne sont pas sur une phase d'aggravation mais d'amélioration de leur état, précise le chef des urgences. Cela nous permet d'avoir une marge de sécurité supplémentaire et de temporiser sur onze heures de prise en charge invasive réanimatoire pure. Les risques médicaux, on les connaît, on a tout fait pour les anticiper. »
L'avion, un Boeing 787, transportera 40 000 litres d'oxygène conditionnés en bouteille de 3 200 litres. Le SAMU de La Réunion a prévu également des batteries de réserve, dans le respect des limites fixées par la Direction de l'Aviation Civile, afin d'assurer l'autonomie du matériel en vol.
Quatre médecins et six infirmières spécialisés, équipés de 800 kg de matériel, interviendront sur ce vol, qui pourrait être suivi d'une seconde évacuation, dès le 8 mars, si tout se passe bien. « Le risque zéro, notamment infectieux sur ce profil de patients, n'existe pas, mais c'est aussi une réalité au sol », conclut le Pr Guihard.
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