Dans la lignée des mesures de renforcement des contrôles et d’évaluation des Ehpad annoncées par le gouvernement le 8 mars dernier, l’exécutif a dévoilé ce jeudi la feuille de route Ehpad-USLD 2021-2023. Elle reprend les propositions du rapport de mission sur les profils de soins en unités de soins de longue durée (USLD) et Ehpad remis en juillet dernier aux ministères par les Prs Claude Jeandel et Olivier Guérin. Pour la ministre déléguée chargée de l’Autonomie, Brigitte Bourguignon, le lancement de cette feuille de route représente « une nouvelle étape de l’ambition du gouvernement pour la médicalisation des Ehpad ». Elle vise à mieux accompagner les personnes âgées en situation de grande perte d’autonomie, mais aussi des profils polypathologiques ne pouvant vieillir à domicile.
La feuille de route est structurée autour de cinq axes prioritaires : faire évoluer l'offre par la création d'unités de soins prolongés complexes (USPC) à vocation strictement sanitaire et le regroupement de l'offre d'hébergement médicalisé ; concrétiser la transformation du modèle des Ehpad ; assurer un maillage territorial de proximité et garantir un haut niveau d'accompagnement et de prise en soin ; tenir compte des spécificités des fonctions ; améliorer les modalités d'intervention des ressources sanitaires ou en santé mentale/psychiatrique.
Renforcer le rôle du médecin coordonnateur
Sur ce dernier point, le ministère souhaite faire évoluer la fonction de médecin coordonnateur et de l’infirmier de coordination. Il s’agira de s’appuyer sur l’expérience acquise avec la crise sanitaire et les résultats des expérimentations (notamment celle de l’ARS Île-de-France) : élargissement de leur pouvoir de prescription, meilleure articulation avec le médecin traitant, astreinte gériatrique, équipes mobiles, médecin référent Covid, télémédecine, etc.
La loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS) pour 2019 avait déjà étendu le pouvoir de prescription du médecin coordonnateur. Celui-ci peut désormais « réaliser une évaluation gériatrique, prescrire vaccins et antiviraux pour la grippe, et intervenir en cas d’impossibilité du médecin traitant de voir son patient », précise le ministère. Son droit de prescription va désormais au-delà des situations limitatives (situations d’urgence ou de risques vitaux, survenue de risques exceptionnels ou collectifs, etc.). Par ailleurs, le budget de la Sécu pour 2022 prévoit un accroissement du temps de médecin coordonnateur dans l’ensemble des Ehpad, avec un seuil minimal à 0,4 équivalent temps plein (ETP), soit au moins deux jours de présence par semaine.
La feuille de route met également en avant d’autres mesures pour faire face au défi de la grande dépendance. Par exemple : adapter l’architecture des Ehpad face à la prévalence croissante de troubles neurocognitifs et comportementaux, ou poursuivre le déploiement des pôles d’activités et de soins adaptés (Pasa) et des unités d’hébergement renforcées (UHR) en Ehpad, pour mieux accompagner des résidents souffrant de la maladie Alzheimer et de troubles apparentés. Autres axes de travail : transformer les USLD en USPC, mais aussi déployer les modalités d’intervention des ressources sanitaires en Ehpad (équipes mobiles de gériatrie, de l’hospitalisation à domicile (HAD), ou professionnels spécialisés dans les maladies neurodégénératives).
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