C’est une réponse du berger à la bergère. À la suite du triple drame de Toulouse, Frédéric Valletoux, ministre délégué à la Santé, avait remis sur la table l’obligation pour les cliniques de participer à la permanence des soins en établissements de santé. Il avait ainsi créé une polémique avec la Fédération de l’hospitalisation privée (FHP). Lamine Gharbi, son président, lui a répondu une fois de plus lors d’une conférence de presse qui s’est tenue le 28 février. La Fédération va lancer une enquête fin mars qui devrait durer un mois auprès de ses adhérents. L’objectif sera d’« identifier la pénibilité des astreintes et de recenser les services sollicités clairement pour élaborer la construction d’une permanence des soins public/privé dans les territoires pour couvrir les besoins ». Toutefois, le président de la FHP impose ses conditions : « Nous souhaitons le maximum de lignes de garde et surtout qu’elles soient financées. Car nos médecins font le job pour l’instant gratuitement. Plus personne ne veut faire de l’astreinte dans ces conditions. Dans nos établissements, le praticien est responsable jour et nuit de ses patients, contrairement à ce qu’il se passe au sein de l’hôpital public. »
Dépassement d’honoraires, un non-sujet
Sur l’affaire des dépassements d’honoraires soulevée par l’enquête du journal Que Choisir, le président de la FHP est au contraire largement favorable à ce qu’il préfère appeler un « complément d’honoraires ». Commentaire de Lamine Gharbi : « Le secteur 2 arrange bien le gouvernement, cela ne lui coûte rien et cette charge est transférée vers les complémentaires. Il permet d’avoir de l’excellence et des praticiens rémunérés à la hauteur de leur engagement et bien équipés en matériel. » Et de rappeler le fait que les médecins de ville qui travaillent en cliniques ne sont pas les seuls à avoir adopté ce mode de rémunération puisque plusieurs milliers de praticiens (pour l’essentiel des PU-PH) pratiquent une activité libérale à l’hôpital public.
Nous souhaitons le maximum de lignes de garde et surtout qu’elles soient financées
Lamine Gharbi, président de la FHP
Demande de 10 % de hausse de tarifs
Tandis que la campagne tarifaire pour 2024 est en cours de finalisation, les hôpitaux privés « ont besoin de 10 % d’augmentation de leurs tarifs pour financer la hausse des coûts de l’inflation et appliquer les mêmes revalorisations salariales (gardes de nuit et week-end) que celles du public », afin de rattraper un manque de près de 1,5 milliard d’euros de crédits votés dans le budget de la Sécu pour 2024 (Ondam). Un budget que la FHP juge « insincère et qui doit être révisé ».
Pour autant, le déblocage de ces tarifs serait-il la solution pour régler tous les problèmes financiers du secteur ? En 2021, 25 % des établissements étaient déficitaires, 40 % en 2023 et si rien n’est fait, 53 % le seront en 2024, insiste Lamine Gharbi.
Si l’hospitalisation privée fait face comme l’hôpital public à des pénuries de personnel, elle peine à se démarquer sur les salaires. À postes similaires, certaines rémunérations de paramédicaux sont inférieures en clinique de 10 % par rapport à celles en hôpital public.
Or sur les 500 millions d’euros qui viennent d’être débloqués par l’État pour aider les établissements de santé les plus endettés à sortir de la nasse, « la répartition est totalement inéquitable : 15 % pour le privé, 15 % pour le privé non lucratif et 70 % pour le public », regrette Lamine Gharbi. Qui rappelle que « 35 % de l’activité hospitalière est réalisée par le privé à but lucratif. »
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