Les accords salariaux issus du Ségur de la santé pour les praticiens hospitaliers sont-ils moins avantageux que ne voudrait le faire croire le gouvernement ? C'est en tout cas ce qu'affirme ce lundi le Syndicat national des médecins hospitaliers (SNMH-FO).
Après la publication le 28 septembre d'un décret et d'un arrêté modifiant la grille de rémunération des praticiens hospitaliers (PH), le SNMH-FO se dit « stupéfait par la différence entre l'effet d'annonce et la réalité » des mesures actées. L'organisation énumère à cet effet plusieurs conséquences du Ségur sur les carrières des PH qui iraient à l'encontre des objectifs affichés.
Une carrière dont on ne voit plus le bout
La nouvelle grille de rémunération des PH − certes amputée des trois premiers échelons mais complétée par trois nouveaux échelons en fin de carrière qui restent à instaurer − ferait passer la durée totale de carrière avant d'atteindre le treizième et dernier échelon de 24 à 32 ans pour les PH titularisés après le 1er octobre 2020. Les trois derniers échelons, dont la création devrait intervenir dans les prochains mois, auront une durée de 4 ans chacun…
Objectif affiché du gouvernement, l'entrée dans la carrière ne serait pas favorisée à la hauteur des espérances. Alors que jusqu'à présent, nombre de PH intégraient la grille directement au troisième échelon (grâce à la reprise de 2 années pour prise en compte de services rendus), cela n'est désormais possible qu'au deuxième échelon. Malgré les revalorisations des rémunérations, cet écart représente « seulement 200 euros net environ de mieux par mois ». La suppression des trois premiers échelons a également pour conséquence de rallonger le temps nécessaire avant d'accéder au quatrième palier. « Il fallait 4 ans pour accéder à l'échelon 4 de la grille actuelle, il faudra désormais 6 années », calcule le SNMH-FO.
Quant à l'accès aux futurs trois derniers échelons, ce sera un parcours du combattant, à en croire le syndicat. « Avec 17 ans d'ancienneté aujourd'hui, il faudra à un PH encore 7 ans de carrière soit 24 ans d'ancienneté pour accéder au 11e échelon, le premier à augmenter les émoluments », avance le SNMH-FO. De surcroît, « les 11e et 12e échelons durent 4 ans chacun, ce praticien devra au total faire 15 ans supplémentaires pour accéder au 13e et dernier échelon de la nouvelle formule ».
« Arnaque »
Le syndicat est formel. À ses yeux, avec le reclassement, « la grande majorité des PH en poste ne tirent aujourd'hui aucun bénéfice de cet accord ». Il appelle les praticiens à contester leur reclassement et se tient à disposition pour toute action collective et intersyndicale. « Beaucoup de PH en milieu de carrière n'y gagnent rien, or c'est le gros de troupes », confie le Dr Cyrille Venet, secrétaire général du syndicat, au « Quotidien ». « Il faudrait monter tout le monde d'un échelon », plaide-t-il. L'anesthésiste au CHU de Grenoble souhaiterait en outre que les trois échelons qu'il reste à créer soient « plus courts et mieux revalorisés ».
« Le SNMH-FO avait qualifié d'arnaque l'accord du Ségur concernant le personnel médical, rappelle cette organisation. L'enfumage autour de la méthode était suspect. Aujourd'hui, nous avons la preuve chiffrée de cette tromperie. »
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