Samu-Urgences de France (SUdF) est toujours d'accord avec son ancien président, devenu ministre de la Santé, au moins sur un point. À l’issue des résultats de sa seconde enquête d'évaluation des mesures d'urgences issues de la mission Braun parus vendredi, l'organisation plaide pour « la poursuite des dispositifs de régulation médicale en amont des services d'urgences en difficulté » puis la généralisation progressive de ceux-ci sur tout le territoire.
En effet, « même si la situation n'a pas été aussi catastrophique qu'attendue, de nombreux services et territoires ont été soumis à de très grosses difficultés de fonctionnement » estime le Dr Marc Noizet, nouveau président de SUdF. Dans la lignée de la première enquête publiée en août dernier, le syndicat constate qu'un quart des 171 services d'urgence, qui ont répondu au questionnaire en ligne, ont mis en place une solution de restriction ou de fermeture de leurs accès.
Au total, 51 services, dont 41 % dans le privé, ont fermé complètement leur accès « au moins sur une nuit ». Quant aux « seules » restrictions (12 % des SU), elles ont fait l’objet d’une régulation médicale préalable « souvent couplée à un accueil physique participant à la réorientation des patients » à l’entrée des urgences, précise SUdF.
Généraliser la régulation médicale
L'enquête en ligne à laquelle ont répondu 73 Samu, 171 SU et 146 Smur dans 84 départements, entre le 27 août et le 3 septembre, montre également que la régulation médicale des centres 15 a joué « un rôle central » pour apporter la meilleure réponse possible à la demande de soins formulée. C'est pourquoi le syndicat milite pour une généralisation du dispositif à terme, afin de « réserver l’accès aux urgences aux patients relevant de ce niveau de soins » et « filiariser » les autres vers une réponse structurée de soins non programmés. Quant aux Services d’accès aux soins (SAS), leur déploiement doit se poursuivre. Quand ceux-ci ont été mis en place, la réorganisation a été « facilitée » car ils proposent une « coexistence de gestion des flux de SNP (soins non programmés) et d’Aide médicale d’urgence (AMU) », note le SudF.
Mais c’est avant tout la disponibilité de lits d’aval qui reste « le problème crucial de dysfonctionnement des SU », pointe le syndicat. Or, seul un quart des établissements ont connaissance du BJML (besoin journalier minimal en lit). Et, à peine 40 % d’entre eux prennent en compte le BJML pour évaluer l’aval des urgences. Malgré son obligation de diffusion, cet indicateur clé reste « très insuffisamment diffusé », déplore SUdF. Pire : lorsqu’il est produit, « il n’est pas utilisé pour définir un aval suffisant ». Le syndicat en déduit qu’il faut immédiatement passer à une « contrainte réglementaire ».
Manque de renforts médicaux
L’enquête enseigne également que seuls 29 % des SU sont parvenus à mobiliser une solution de renfort médical durant le mois d’août. Dans le détail, 18 % de ces renforts étaient des médecins « d'autres spécialités de l’établissement », contre 15 % de généralistes, 3,5 % de retraités et 2 % issus du service de santé et de secours médical (SSSM). Pour résoudre ces problèmes de sous-effectifs, SUdF propose de faire appel aux praticiens à diplôme hors Union européenne (Padhue).
La pénurie de ressources médicales a également des conséquences pour les Samu-Centres 15. À l’exception de trois d’entre eux dont l’activité est restée stable cet été celle-ci a augmenté de 20 % en moyenne. Pour remédier à cette problématique, la mission Braun proposait des outils pour faciliter le recrutement d’assistants de régulation médicale (ARM). Mais, au final, seuls 36 % des Samu ont bénéficié de renforts en RH (ARM, AMA, étudiants) pour gérer le décroché.
Mieux partager la permanence des soins
Parmi les freins, le faible nombre d’ARM formés et l’absence de candidats, liée à la méconnaissance du métier. D’autres Samu évoquent également l’absentéisme des ARM en poste ou les départs « non ou mal remplacés ». D’où l’importance d’améliorer l’attractivité du métier par « une reconnaissance comme profession de santé et par une revalorisation d’exercice », plaide l’enquête.
La mission Braun recommandait aussi de recruter des généralistes régulateurs, avec une rémunération forfaitaire de « 4C/heure » (100 euros bruts) garantie. Mais seuls 12 % des Samu interrogés ont recruté en nombre suffisant, tandis que 40 % d’entre eux ont manqué de renforts. D’autre part, 10 % des Samu ont eu assez d’effectifs pour répondre à la demande.
Le syndicat demande également l'ouverture immédiate d'une mission sur la permanence des soins car celle-ci est « quasiment assurée par les hospitaliers » et il exige donc une réévaluation du partage de la PDS en établissement entre le public et le privé, afin de « maintenir l’attractivité de nos carrières au sein de l’hôpital public ».
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