Été noir aux urgences en Mayenne : la situation s’aggrave dans le troisième désert médical de France

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Publié le 18/07/2023
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Crédit photo : Garo/Phanie

Le médecin de permanence du jour n’en fait pas mystère. « C’est une catastrophe. La sécurité des patients n’est pas assurée. On ne peut même plus parler de trou dans la raquette, il n’y a carrément plus de cordage. Un jour de la semaine dernière, je ne sais plus lequel, un seul Smur sur le département était en état de fonctionnement. Quant à la régulation, elle doit parfois être assurée par un infirmier tellement il n’a plus de médecins, mais il ne faut pas que ça se sache… », confie au « Quotidien », sous couvert d’anonymat, le praticien, depuis le service des urgences de l’hôpital de Laval.

Déjà, depuis le début du mois, en Mayenne, la régulation était devenue la règle. « À partir du 3 juillet, il sera nécessaire de faire le 15 avant d’accéder aux urgences (…) de 18 h 30 à 8 h », prévenait l’Agence régionale de santé Pays de la Loire. Une décision justifiée par les « tensions sur les ressources humaines » qui « obligent à adapter le fonctionnement » des trois services concernés dans les établissements de Laval, Mayenne et Château-Gontier-sur-Mayenne. À Laval, depuis plusieurs mois, le service des urgences ferme ses portes une dizaine de nuits à cause du manque de médecins. « Quatorze nuits au mois de mai et huit au mois de juin », se souvient un urgentiste témoin. La cheffe du service Caroline Brémaud, estimait fin juin sur France Bleu, que les urgences devraient fermer environ 14 nuits pour le mois de juillet. Et la situation pourrait encore empirer au mois d’août.

Juillet, août… et après ?

En effet, les hôpitaux doivent de plus, depuis le 8 juillet, faire face au mouvement de grève des assistants de régulation médicale du département. Ces auxiliaires, qui réceptionnent les appels au 15 pour pallier la fermeture des urgences la nuit, ne peuvent plus répondre à l’afflux de demandes téléphoniques des patients. Ils sont épuisés. Quant aux conséquences de la pénurie de médecins en matière de permanence des soins pour le mois prochain, elles sont déjà couchées, noir sur blanc, sur le « planning coordonné des trois services d’urgence » adressé ce lundi aux acteurs de terrain par le groupement hospitalier de territoire (GHT) 53, que « Le Quotidien » a pu consulter. « Les dates particulièrement problématiques sont les suivantes et concernent un Smur Service mobile d’urgence et de réanimation) de nuit sur trois les 6, 8, 12, 13, 14, 18, 21 et 26 août. Et un Sau (service d’accueil des urgences) de nuit sur trois, le 26 août », peut-on lire en bas du document.

Côté libéraux, l’inquiétude est aussi de mise. « Cette situation de fermeture des urgences le soir sur le département dure en réalité depuis près de deux ans, mais c’est la première fois qu’il touche les trois hôpitaux en même temps », explique le Dr Olivier Guihery, généraliste installé à Laval et président de l’Association départementale de l’organisation de la permanence des soins en Mayenne. Et, à devoir gérer les appels supplémentaires qui ne sont plus régulés par l’hôpital, les libéraux commencent eux aussi à tirer la langue dans leurs propres tours de garde. « Avec les collègues des urgences, nous avons toujours bien fonctionné dans l’organisation de la permanence des soins, mais là il devient urgent que l’on parle, ensemble, avec la direction hospitalière et les tutelles » prévient le Dr Guihery. Message transmis.


Source : lequotidiendumedecin.fr