Tous les moyens sont bons pour tenter de faire bouger la puissance publique sur la situation de l’hôpital, y compris alerter l’Élysée. Le 13 février 2025, Emmanuel Macron a ainsi été interpellé dans un courrier adressé par Marc Moncey, délégué CGT de l’hôpital d’Auxerre, sur « les conditions d’accueil et de prise en charge de la population auxerroise et icaunaise indignes de la France, pays des droits de l’Homme » au sein du service des urgences de l’établissement.
Actuellement, les urgences voient passer en moyenne plus de 130 passages par jour. Le service, dimensionné pour 90 passages par jour, a été percuté de plein fouet par la grippe (avec en moyenne 156 passages par jour en janvier dernier). La CGT dit constater régulièrement plus d’une dizaine de patients sur des brancards dans les couloirs. Concrètement, malgré une légère baisse de la pression épidémique, les patients « attendent des heures avant d’être pris en charge, dorment sur les brancards plusieurs heures, voire plusieurs jours avant d’être transférés dans un service, sont mécontents et agressifs envers le personnel… », peut-on lire.
Les personnels sont à bout et démunis. Ils ont l’impression de faire de la maltraitance institutionnelle
Corine Rivière, secrétaire CGT de l’hôpital d’Auxerre
Les personnels des urgences viennent « la boule au ventre pour travailler, en pleurs, insatisfaits de leur travail, en burn-out et à quel prix pour leur santé (prise d’anxiolytiques, d’antidépresseurs, voire de neuroleptiques) pour assurer et remplir leurs missions coûte que coûte », précise le courrier. « Pour l’instant, il n’y a pas d’arrêt de travail concernant la saturation des urgences, précise Corine Rivière, secrétaire générale de la CGT. Mais nous les sentons à bout et démunis, ils ont l’impression de faire de la maltraitance institutionnelle. »
Pourtant, ajoute la missive au chef de l’État, des mesures ont été mises en place par la direction au sein de l’établissement. Sept lits supplémentaires et trois lits ponctuels ont été ouverts. Le groupement hospitalier de territoire (FHT) a développé une cellule de bed manager et l’hospitalisation à domicile a aussi été renforcée. Autant de remèdes insuffisants.
Huit postes d’urgentistes vacants
Au niveau du service des urgences qui compte 22 médecins et recense huit postes vacants, quinze lits tampons ont été positionnés dans les couloirs et les box. Des infirmiers et aides-soignants sont venus en renfort ponctuel des équipes. Le service d’accès aux soins (SAS) est en train d’être construit avec la médecine libérale et devrait être finalisé en avril-mai 2025. « Les établissements font ce qu’ils peuvent pour que la situation reste tolérable. Malgré ces mesures, cela ne suffit pas », déplore Corine Rivière.
Ces difficultés sont aggravées par le contexte déficitaire (10 millions d’euros en 2025) et le manque de généralistes. Même l’ouverture d’une maison médicale de garde en octobre 2024 n’a pas suffi pas à résorber l’afflux de patients, souvent précaires dans ce département.
Jugeant la situation catastrophique, le syndicat appelle de ses vœux « une véritable réforme hospitalière, répondant aux besoins de la population et des personnels, en étroite collaboration avec eux ». L’ARS a convenu d’une réunion cette semaine avec les syndicats de l’hôpital. L’une des questions concerne la création d’une cellule d’urgences psy, qui permettrait de réduire le flux de patients du service d’urgences adultes. « Nous y travaillons avec la directrice de l’hôpital », assure Corine Rivière.
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