Après la journée nationale d'« arrêt total de leurs activités » (visites à domicile, consultations, centre de régulation, téléconsultations), très suivie le lundi 28 septembre, la fédération SOS Médecins France va remettre le couvert. Réunie en assemblée générale jeudi dernier, elle a voté « le durcissement du mouvement dans
lequel elle est actuellement engagée, pour sauver la visite médicale à domicile ».
Trois mots d'ordre ont été adoptés par les 63 associations de la fédération : la suspension immédiate de la transmission quotidienne des données épidémiologiques anonymisées traitées par Santé publique France pour assurer la surveillance sanitaire (grippe, Covid, bronchiolites…), un arrêt total de l'activité de 48 heures (au lieu de 24 heures lors de la première grève) « dans les toutes prochaines semaines » et la sensibilisation de l'ensemble des citoyens sur le « risque de disparition de la visite à domicile ». « La date de l'arrêt de l'activité sera fixée en fonction des prochaines rencontres avec le ministère, la CNAM et sans doute l'Élysée », déclare le Dr Jean-Christophe Masseron, président de SOS Médecins dont le mandat a été renouvelé, à l'unanimité, lors de l'AG de la semaine dernière. Une façon pour les 1 300 généralistes des associations de mettre la pression sur les tutelles.
Un geste fort
La colère de la fédération grondait depuis la signature, fin juillet, de l'avenant n° 9 à la convention médicale par trois syndicats de médecins libéraux (CSMF, MG France et Avenir Spé-Le BLOC) qui prévoit un élargissement de la visite longue (VL) aux patients de plus de 80 ans en ALD uniquement pour les médecins traitants qui se déplacent chez leurs propres patients. Depuis la journée d'arrêt national, le dialogue avec la CNAM est « constant » selon SOS.
Mais les dernières propositions de l'Assurance-maladie consistant à revaloriser les astreintes de nuit et de week-end ainsi que les actes dans le cadre du service d'accès aux soins (SAS) étaient « hors sujet ». « Notre problème est d'encourager les médecins à faire des visites à domicile et à ne pas être obligés de les sacrifier au profit des consultations afin de garantir notre modèle », ajoute le Dr Masseron.
L'association revendiquait de longue date la revalorisation de la visite à domicile, sous la forme prioritairement d'une hausse de la majoration de déplacement (MD) dans la journée à hauteur de 20 euros au lieu de 10 euros actuellement. Ce tarif est bloqué depuis une quinzaine d'années. Cependant, en l'état actuel, ces revalorisations tarifaires ne pourront avoir lieu que dans le cadre de la prochaine convention médicale, dont les négociations devront démarrer au second semestre 2022.
Ainsi, en attendant, la fédération demande au gouvernement de prendre des mesures urgentes. « On souhaite la pérennisation et l’extension de la cotation VG + MD +MU (25 euros pour la consultation +10 pour la majoration de déplacement +22,60 pour la majoration d'urgence = 57,20 euros = N.D.L.R.) » explique le Dr Masseron. Celle-ci avait été mise en place pendant la crise Covid dans les EHPAD pour les visites effectuées dans un délai de quatre heures . « Si le ministre nous autorise à prendre la visite avec la majoration d'urgence, ce serait déjà un geste fort », ajoute-t-il. Aujourd'hui, les médecins de SOS n'ont en effet pas la possibilité de la coter.
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