L’engorgement des services hospitaliers des urgences est une réalité difficile à accepter mais réelle depuis quelques années. À l’origine, de nombreux patients qui ne nécessitent pas de soins en urgence, mais aussi d’autres qui transitent dans ces unités alors qu’une affectation dans d’autres services spécialisés serait plus opportune.
Alors pourquoi des patients qui doivent être pris en charge dans un service de spécialité doivent être envoyés en premier aux urgences ? Pour répondre à cette question, je vais vous donner un exemple personnel qui permet de mieux comprendre les « dysfonctionnements » du système hospitalier.
Une patiente âgée (plus de 90 ans) présente une impotence fonctionnelle importante (ce trouble s’est majoré très progressivement). Un bilan biologique effectué lors d’une visite à domicile (les médecins font parfois des visites au domicile des patients !) a permis d’objectiver une anémie à 7,5 g/dl, ferriprive.
Compte tenu de ces résultats, et d’une douleur épigastrique une hospitalisation en service de gastro-entérologie semblait intéressante. Joints par téléphone, les praticiens de ce service m’ont expliqué que le service ne pouvait accueillir cette patiente car il était saturé. Rassuré par le fait que j’allais rapidement être satisfait (2 ou 3 jours), j’ai attendu sagement et j’ai prescrit à cette patiente un IPP…
Or au bout de 4 jours n’ayant reçu aucun appel, et observant une majoration des troubles, je n’ai pu que constater une aggravation de son anémie à 6,2 g/dl. En conséquence, j’ai dû l’envoyer aux urgences qui l’ont placée dans le service d’orthopédie pour être transfusée…
Bref, cet exemple nous démontre qu’il est nécessaire de réfléchir sur la façon d’éviter un engorgement des services hospitaliers en créant plus de places dans les établissements de soins de suite ; élément qui permet d’éviter la saturation de ces unités.
Bien entendu, cette solution est onéreuse, mais devrait être exploitée car ce type de demande est fréquent et « embolise » le service des urgences pas nécessairement adapté à certains patients.
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