Lutte contre la désertification médicale

PACES décentralisées : ouverture sociale ou gadget ?

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Publié le 29/03/2018
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BORDEAUX

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Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

L’université de Bordeaux ouvrira à la rentrée prochaine sa deuxième PACES décentralisée, à Dax (Landes).

Installée dans ses locaux de l’institut du thermalisme, elle devrait accueillir une soixantaine d’étudiants. La première PACES hors Bordeaux a démarré à Pau (Pyrénées-Atlantiques) à la rentrée 2017 avec 180 étudiants.

Impulsée par la région Nouvelle-Aquitaine, cette politique d’ouverture obéit à une volonté d’aménagement du territoire : répartition de l’offre d’enseignement supérieur, maintien d’une démographie médicale satisfaisante, élargissement du panel de formations post-bac. La région met surtout en avant la « dimension sociale du projet, donnant à plus de jeunes bacheliers l’opportunité de commencer leur cursus médical ou paramédical près de leur lieu de vie familial, à moindre coût. »

Si les premiers arguments procèdent plutôt du langage électoral, le second fait mouche. D’autant qu’au vu de l’expérience paloise, il semble bien réel : « On trouve à Pau une part plus importante de boursiers et d’étudiants issus de milieux modestes » indique le Pr Jean-Luc Pellegrin, directeur du collège de santé de l’université de Bordeaux. Et un taux de réussite identique. La PACES décentralisée, ça marche, mais à un certain prix : 332 000 euros investis par la région pour Pau. Sans compter la mobilisation de personnels chargés de traiter les bugs d’une organisation technologique complexe, entre cours magistraux retransmis en audio et vidéo, enseignements dirigés par visioconférence interactive et dialogue avec la classe par outils numériques et écrans interactifs.

Ouvrir sans tutorat ?

C'est aussi l'engagement des personnes qui a rendu possible et compétitive la PACES paloise. Des tuteurs arrivés à leurs limites : « Pau fonctionne, Bordeaux est le plus gros tutorat de France avec 2 800 inscrits et 270 tuteurs qui sont présents 4 soirs par semaine, explique Maëlle Herouart, responsable du tutorat palois. Il est difficile de leur demander davantage. Dans l’état actuel des choses, nous refusons d’ouvrir un tutorat à Dax. »

Du côté de l’université, le principe « pas de PACES sans tutorat » pourrait bien être revu, comme le suggère le Pr Pellegrin : « Je crois que l’organisation du tutorat à Dax est jouable, en l’adaptant… Mais avec la ville de Dax, l’agglomération et la Région, nous avons décidé de créer cette PACES, même sans tutorat… » On serait alors plus proche d’un passage en force politique que de l’ambition sociale originelle. Les étudiants dacquois apprécieront. Mais déjà d’autres questions se posent, sur le financement à long terme de ces PACES ou la faisabilité de nouvelles ouvertures à Agen et Périgueux.

 

 

 

De notre correspondant Patrice Jayat

Source : Le Quotidien du médecin: 9652