Rapports oraux non consentis, strip-teases imposés, hyperalcoolisation des participants pouvant aller jusqu’à des comas éthyliques… : les faits « systémiques » de violences sexistes et sexuelles et de bizutage au cours de soirées et week-ends d’intégration organisés – entre autres – par des membres du bureau de l’Association des carabins de Tours (ACT) sont « édifiants », a reconnu ce lundi le Pr Philippe Roingeard, président de l’Université de Tours. Face à la presse, le virologue a fait état des conclusions de l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGESR) missionnée en octobre dernier, confirmant l’existence d’agissements graves, dont certains constituent des « faits pénalement répréhensibles ».
Pour mémoire, cette saisine est intervenue à la suite de l’affichage d’une banderole sexiste (déployée par des étudiants au cours d'une soirée d'intégration en médecine) et de plusieurs signalements d’actes de bizutage durant des soirées étudiantes de la fac de médecine. Le 21 mars, le rapport de l’IGESR a conclu effectivement à des « faits caractérisés d’actes humiliants ou dégradants (…) et à des rapports sexuels non consentis commis entre octobre 2023 et septembre 2024 ». C’est même « une problématique systémique de promotion de faits de bizutage et de VSS » qui est caractérisée.
À ce stade, vingt étudiants de troisième et de quatrième année, membres du bureau de l’ACT ou organisateurs de soirées, sont concernés par la saisine de la commission disciplinaire. Mais au-delà de sanctions disciplinaires, certains pourraient faire face à des procédures pénales, la procureure de la République ayant été à nouveau saisie.
De son côté, la fac de Tours poursuit ses investigations (enquête administrative complémentaire) et met déjà en œuvre une série de mesures (à la fois coercitives et de prévention) à titre conservatoire.
Galas annulés et labellisation suspendue
Le plan d’action prévoit l’annulation de tous les galas et événements d’intégration ou « faluchage » et ce « jusqu’à la fin de cette année universitaire » ainsi que la suspension de la labellisation, des financements et des conventions d’occupation des locaux pour l’ensemble des associations étudiantes affiliées à la faculté de médecine (à l’exception des deux associations à visée pédagogique en charge des tutorats). « On veut réagir très fort et très vite ! », assure Philippe Roingeard.
De fait, le rapport a mis en lumière les manquements graves – de la part précisément des associations étudiantes – aux protocoles censés veiller au bon déroulé de ces soirées. L’association des carabins de Tours, la principale à être dans le viseur des autorités, a été privée des locaux qu’elle utilisait jusqu’ici. Elle a aussi été contrainte d’en repeindre les murs qui abritaient des fresques à connotation sexuelle. « Les associations d’étudiants mentent parfois dans l’organisation de leurs soirées, c’est une véritable omerta, il faut y mettre fin », ajoute le président de l’université.
En tout, c’est un plan d’action de 27 mesures que la fac de médecine entend déployer pour lutter contre ces violences sexistes et sexuelles et pratiques de bizutage. À court terme, l’université va renforcer le réseau des « personnels référents VSS ». La création d’une charte de lutte contre les VSS et le bizutage, signée par les associations étudiantes, « incluant la présence obligatoire de personnels de sécurité à chaque soirée festive », est également au menu (lorsque des soirées seront à nouveau autorisées). Les associations étudiantes non labellisées sont interdites sur le campus de la fac de médecine. Le retrait d’éventuels dessins à connotation sexuelle des locaux des associations étudiantes est annoncé.
J’espère que ce que nous mettons sur pied pourra servir à toutes les facultés pour éviter que de tels agissements ne se reproduisent
Pr Philippe Roingeard, président de l’Université de Tours
À moyen terme, l’université souhaite créer une « unité d’enseignement obligatoire » relative à la lutte contre les VSS pour les étudiants en médecine de deuxième et de troisième cycle. Une stratégie plus globale de prévention du bizutage est en réflexion.
Avertissements, blâmes, exclusion académique partielle ou même définitive : un plan de communication sur les sanctions disciplinaires encourues par les auteurs de VSS sera élaboré et déployé avec rappel des conséquences sur les parcours académiques. La fac promet aussi un plan de sensibilisation sur la surconsommation d’alcool en soirée festive. « J’espère que ce que nous mettons sur pied pourra servir à toutes les facultés pour éviter que de tels agissements ne se reproduisent », confie au Quotidien le Pr Roingeard qui réitère son soutien inconditionnel aux victimes.
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