Invitée ce mardi matin aux Contrepoints de la santé, à Paris, la ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation n'a pas exclu un assouplissement du calendrier de suppression des ECN. Interrogée plus largement sur la réforme du deuxième cycle des études médicales – qui doit concerner les étudiants de quatrième année en 2019 – Frédérique Vidal a laissé entendre que l'agenda initial pourrait connaître des modifications.
La suppression des ECN est certes officialisée dans le projet de loi de santé, examiné à l'Assemblée nationale à partir du 18 mars. Mais « s'il faut reculer d'une année, on reculera d'une année», a confessé la ministre, en écho aux interrogations du secteur. « Cela fait partie des discussions. Je ne suis pas arc-boutée sur un calendrier, mais je suis arc-boutée sur le fait que les études [de santé] doivent changer », a-t-elle plaidé.
Le gouvernement, les organisations représentatives des étudiants en santé et les doyens doivent assumer dans le même temps le déploiement de la réforme du nouveau troisième cycle (opérationnelle depuis 2017), l'aménagement programmé du second cycle (de la quatrième à la sixième année) et le nouvel accès au premier cycle (fin du numerus clausus et de la PACES). « C'est compliqué de tout faire en même temps, a confirmé la ministre. C'est pourquoi il faut respirer sur la question du calendrier. Oui, il faut aller vite, et il faut que la transformation [des études de santé] démarre. Mais c'est compliqué et c'est difficile. »
En s'exprimant de cette façon, Frédérique Vidal va dans le sens des doyens de faculté de médecine, inquiets de la faisabilité dans les universités d'une réforme systémique aussi large imposée dans un calendrier très serré.
En décembre, leur conférence avait proposé au gouvernement d’allonger le temps de réflexion d’une année supplémentaire sur la réforme du premier cycle en santé – attendue en 2020 –, qui implique la suppression de la première année (PACES) et du numerus clausus, afin d’être en phase avec la réforme du bac (2021).
Diversifier les profils
À propos du premier cycle, Frédérique Vidal a tenté de rassurer les étudiants sur le projet du gouvernement de remplacer la PACES par un « portail santé » pour accéder aux filières de santé.
Les élèves de terminale pourront s'inscrire via Parcoursup à un portail santé (une première année universitaire générale en santé) ou à une première année de licence classique (appelée portail de licence) avec une éventuelle mineure santé.
La ministre milite pour cette « diversification » des profils médicaux et des carrières : « Il ne peut pas y avoir uniquement un portail santé sinon le risque majeur, c'est qu'on change le nom de la PACES, qu'on l'appelle portail santé, et que rien ne change, a-t-elle insisté. La réalité, c'est que nous avons besoin d'avoir des jeunes, et des futurs médecins, qui soient divers, alors qu'aujourd'hui, le recours est de sélectionner de manière assez uniforme […] sur certaines capacités des étudiants uniquement. »
Article précédent
Réforme du second cycle : anxieux, des carabins réclament un report pour ne pas être la promo « crash test »
Article suivant
Les pistes de travail pour remplacer les ECN
ECNi : les pistes pour en finir dès 2023
Agnès Buzyn et Frédérique Vidal enterrent les ECN une fois pour toutes
Report de la réforme des études médicales : pour l'instant il n'en est pas question, assure l'ANEMF
Changement de cycle de la première à la sixième année
Réforme du second cycle : anxieux, des carabins réclament un report pour ne pas être la promo « crash test »
Réforme des ECN : « S'il faut reculer d'une année, on reculera d'une année », prévient Frédérique Vidal
Les pistes de travail pour remplacer les ECN
Réforme des études : les doyens et le syndicat Jeunes Médecins favorables à un report
Jeu concours
Internes et jeunes généralistes, gagnez votre place pour le congrès CMGF 2025 et un abonnement au Quotidien !
« Non à une réforme bâclée » : grève des internes le 29 janvier contre la 4e année de médecine générale
Suspension de l’interne de Tours condamné pour agressions sexuelles : décision fin novembre
À Clermont-Ferrand, un internat où « tout part en ruine »