À La Celle-Dunoise, les internes passent… et ne restent pas. Chaque année, huit stagiaires en médecine générale sont accueillis dans cette petite commune creusoise de 530 âmes, ils exercent un temps au sein de la maison de santé, avant de repartir… Un constat amer que combat la municipalité avec son projet d’internat rural. Ce bâtiment appartenant au bailleur social Creusalis doit ouvrir à l’été 2025. Divisé en trois chambres, chacune avec salle de bain, il comprendra un salon et une cuisine communs, ainsi qu’un appartement à l'étage.
Derrière ce projet original, le Dr Claude Landos, médecin généraliste formateur de 71 ans et figure de La Celle-Dunoise, se souvient avec nostalgie de l’année 1986 et de son arrivée en Creuse. « Il y avait à l’époque assez de médecins sur le territoire, voire une surpopulation médicale ! Puis ça s’est dégradé, comme partout en France ». L’idée d’internat rural lui est venue après l’expérience d’une interne logée seule au village durant six mois. « Une fille super, très compétente, mais qui souffrait de l’isolement », raconte-t-il.
Les aides à l’installation, c’est bien, mais l’humain, c’est mieux
Dr Claude Landos
À La Celle-Dunoise, les internes étaient jusqu’à présent hébergés dans un bungalow, au camping, ou dans le studio aménagé à l’étage de la maison médicale. Parfois, de manière ponctuelle, c’est le Dr Claude Landos qui leur offrait le gîte et le couvert. D’où l’envie de proposer un nouveau lieu de vie partagé, favorisant l’intégration et les échanges confraternels. « Les aides à l’installation, c’est bien, mais l’humain, c’est mieux », insiste-t-il. Pour aider ces jeunes à s’ancrer sur le territoire, des sorties en kayak ou en hydrospeed et des visites culturelles sont également proposées.
Une initiative similaire est menée à Gouzon, à 50 km de là, où la municipalité a acquis une maison de 120 m2 pour accueillir les internes. Coût total : 35 000 euros d’achat mais 200 000 euros de travaux. « Attirer un jeune Bordelais ou Parisien, c’est mission impossible. À un moment donné de leur internat, ces jeunes arrivent dans une contrée qu’ils ne connaissent pas et ils n'y restent pas », reconnaît Sébastien Méraud, premier adjoint au maire.
Pour cet élu, le versement de primes est une stratégie inutile. « Il ne faut pas tomber dans le piège de la concurrence entre communes en se disant “je te pique ton médecin à coup de 1 000 euros en plus." En 2008, nous avons créé une maison médicale à Gouzon. En 2010, elle comptait quatre médecins, aujourd’hui, il n’y en a plus qu’un. Les jeunes ont surtout besoin de se projeter, d’avoir un projet de vie pour rester sur un territoire. »
D’où l’idée de leur proposer un endroit où vivre en colocation ou en famille, avec conjoint et enfants. La « maison des internes », mise à disposition pour 150 euros par mois, pourra accueillir trois couples, où une famille entière fin 2026. « Nous entendions parler des difficultés d’intégration lors de forums étudiants et des stagiaires du Dr Parot, généraliste à Gouzon, nous ont fait remonter leurs besoins, explique Laurence Chevreux, vice-présidente du Conseil départemental de la Creuse, chargée de la santé. Nous avons logiquement soutenu cette initiative et nous affichons un même intérêt pour La Celle-Dunoise ». « Pour partager, ne pas se sentir isolé et s’intégrer sur un territoire, il faut un hébergement digne de ce nom », continue-t-elle.
La Creuse compte seulement 109 médecins généralistes pour 100 000 habitants, contre près de 300 en France. En dix ans, les effectifs ont chuté de 27 %.
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