Internes et externes se sont eux aussi mobilisés pour lutter contre le coronavirus. Dans le cadre de notre dossier « Coronavirus : les étudiants en médecine au cœur de la crise » (Le Généraliste n°2910), nous avons interrogé des étudiants en médecine sur leur expérience. Voici le témoignage de Raphaël Dachicourt, interne de médecine générale en 2e année à Lille.
« Je suis en stage en soins palliatifs au CHU de Lille. Mon service en lui-même a vu son activité diminuer car la majorité des moyens ont été réorientés vers les services Covid. Malgré cela, il y a beaucoup de stress, de tension au sein des équipes, que ce soit à cause de la réduction des effectifs, des personnels malades ou de la limitation des visites pour les familles. À côté de cela, j’ai effectué des gardes aux urgences ou de nuit dans les services Covid pour combler les lignes des internes malades ou à risque. Sur la base du volontariat, nous avons « rempli les trous ». Le début de l’épidémie a été compliqué car on balbutiait. Chaque jour, nous avions de nouvelles consignes, nous ne savions pas vraiment où nous allions. Il y avait aussi une grosse charge mentale quand nous rentrions chez nous. C’était un travail continu pour aller chercher les informations, les études à droite, à gauche. La médecine ne s’arrêtait jamais finalement…
Le regard des autres Cette crise sanitaire change la façon dont nous voyons notre métier par le regard que les autres portent sur nous. Nous sommes passés d’un métier classique à quasiment un statut de « héros ». Quand nous rentrons le soir à 20 heures, nous sommes applaudis, c’est bizarre. Toute notre famille nous appelle pour prendre des nouvelles comme si nous partions au front. Tout cet environnement crée aussi une certaine forme de stress, nous n’étions pas préparés à ça.
Un manque de moyens Nous avons su nous adapter mais nous n’avions pas forcément les moyens ni une organisation adaptée à une crise de cette ampleur. Il y a pu avoir des peurs et des appréhensions mais au final, surtout une énorme volonté de s’investir. J’ai eu plaisir à voir l’engouement des internes et de tout le corps soignant, assez soudé dans cette crise. Ce que je regrette est très lié à ce qui se passait avant : l’hôpital public souffre, nous avons eu des mouvements de grève… Cette crise met en lumière des dysfonctionnements existants, liés à un manque de moyens. On nous applaudit à 20 heures, cela fait chaud au cœur mais on ne peut pas s’empêcher de ressentir une certaine amertume en se disant que ce n’est pas ce que nous attendons. Nous ne voulons pas d’un statut de héros, simplement être soutenus et pouvoir faire notre métier dans des conditions optimales. »
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