Il est 8 h 30 ce jeudi matin lorsqu’un premier groupe d’une dizaine d’étudiants arrive dans une des salles de cours. Le Pr Tiphanie Bouchez, maîtresse de conférences des universités et directrice adjointe du DMG de Nice, donne au groupe de premières explications sur le déroulé de l’atelier.
La généraliste fait également les présentations entre les internes et les patients partenaires, en apportant plus de détails sur Didier, qui jouera le rôle principal lors de la simulation de consultation à laquelle participeront deux étudiants. « Deux d’entre vous vont devoir se prêter au jeu. L’un jouera l’interne stagiaire, l’autre le maître de stage, et vous devrez prendre en charge Didier comme si vous étiez en conditions réelles », informe le Pr Bouchez, enthousiaste.
Prise en charge d’une chute accidentelle en conditions réelles
Après avoir choisi les deux acteurs en devenir (Lisa et Pedro, ndlr), le Pr Tiphanie Bouchez leur fournit une fiche récapitulative du scénario. En fonction des objectifs pédagogiques et des thèmes des séminaires, les scénarios et les patients partenaires diffèrent.
Cette fois-ci, dans le cadre du séminaire obligatoire « Soins aux patients âgés » dispensé à tous les internes de deuxième année, le cas clinique exposé est la chute accidentelle chez un patient en bonne santé, sans pathologie chronique.
Tandis que Lisa et Pedro s’apprêtent à entrer dans l’appartement connecté pour la simulation de la consultation à domicile, deux fiches d’observations sont distribuées au groupe d’étudiants restés dans la salle de cours pour assister à la retransmission de la consultation par visio.
La première grille fournie (basée sur le score Icope) permet aux étudiants observateurs d’identifier la fragilité du patient. L’autre grille (basée sur la grille Calgary-Cambridge) est utile pour faire le point sur les compétences communicationnelles utilisées pendant l’entretien médical par les deux « acteurs ».
Apprendre à bien communiquer avec le soigné
À quelques mètres de là, dans l’appartement connecté, Lisa, qui joue l’interne, et Pedro, le maître de stage, entament la consultation à domicile dans le salon fictif. Après l’avoir ausculté, ils réalisent une évaluation globale du patient et s’assurent, via le test Get up and go, qu’il ne présente aucun risque de rechute. Ils lui prescrivent également un traitement pour la douleur ainsi que des séances de kiné.
Après avoir réalisé un tour de l’appartement, ils abordent avec le patient les actions de prévention à mettre en place pour éviter d’éventuelles rechutes. « Tenez-vous à votre tapis ? », questionne Pedro. « Souhaiteriez-vous que l’on vous prescrive des chaussons antidérapants ? », interroge à son tour Lisa. L’entretien est complet et aborde de nombreux sujets. La consultation d’une vingtaine de minutes s’achève et les trois acteurs rejoignent la salle de retransmission pour faire un retour d’expérience.
Le patient partenaire, les observateurs (enseignants, étudiants et patients partenaires) ainsi que les acteurs font part de leurs ressentis et, ce, toujours avec bienveillance et de manière co-construite.
Les points positifs sont soulignés par les uns : « J’ai trouvé que l’interaction entre les deux étudiants était très rassurante pour le patient », note Didier. Les points à améliorer sont soulevés par les autres : « Peut-être aurait-il fallu opter pour des questions plus ouvertes et laisser davantage la possibilité au “non” ou, en tout cas, au “non” temporaire », observe le Pr Tiphanie Bouchez, pour qui la communication est un point « essentiel pour récupérer les bonnes informations » auprès du patient. C’est d’ailleurs, selon elle, « ce qui permet de faire de la bonne médecine : mieux le médecin communique, plus le patient est observant de son traitement. La communication est un vrai outil de thérapeutique ! »
Une expérience jugée très positive par les étudiants
Pour les étudiants acteurs, l’expérience de la simulation est également vécue de manière très positive. « Dans mes précédents stages, j’avais déjà eu l’occasion de faire des visites à domicile mais il s’agissait surtout de renouvellements d’ordonnance. Pouvoir être confronté à cette situation de chute accidentelle nous permet d’être plus sereins pour aborder la situation lorsque nous y serons confrontés en conditions réelles », assure Lisa, qui sera en autonomie l’année prochaine lors de son stage Saspas.
« Parfois, on pense savoir ce qui est le mieux pour le patient mais on peut se tromper. Par exemple, nous avons proposé à Didier de lui prescrire des chaussons antidérapants sans lui demander explicitement son avis. Plus tard, il nous a avoué qu’il ne comptait pas changer ses chaussons car c’est sa femme qui les lui avait confectionnés et qu’il y tenait beaucoup. Cela paraît anecdotique mais montre que la communication est primordiale pour une bonne prise en charge », analyse l’étudiant, qui ressort de cet atelier avec des « points à améliorer », notamment sur le plan communicationnel.
Et si Lisa admet y être « allée à reculons au début », elle reconnaît avoir « appris encore plus en le faisant ». L’adage selon lequel c’est en forgeant qu’on devient forgeron s’appliquerait-il aussi à la médecine ? Selon le Pr Tiphanie Bouchez, certaines études canadiennes ont montré qu’intégrer les patients dans les formations médicales permettait une « meilleure acquisition des compétences ».
Fiche d’identité du DMG de Nice
• Nom du directeur et coordinateur : Pr David Darmon
• 300 étudiants
• 50 enseignants (dont 2 titulaires), 240 maîtres de stage et 20 tuteurs sont rattachés au DMG
• 2 campus santé
• Partenaires : l’ARS Paca, le département des Alpes-Maritimes, l’URPS et la région Paca
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