Une stratégie mondiale intersectorielle « One Health », qui promeut une approche intégrée de la santé humaine, animale et environnementale. Telle est l'ambition de l'Alliance tripartite réunissant l'Organisation mondiale de la santé animale (OIE), l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et l'Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Cette vision prend tout son sens avec la pandémie actuelle de Covid-19.
« La collaboration entre les trois organisations a commencé de manière informelle au début des années 2000, au moment de l'émergence du mouvement " One Health", traduit en français par " Une seule santé ". La crise de la grippe aviaire de 2004-2006 nous a incités à concrétiser cette alliance », indique au « Quotidien » Monique Eloit, directrice générale de l'OIE. Ainsi, un premier document officiel présentant les missions de cette alliance a été publié en 2010.
L'Alliance tripartite a vocation à favoriser la coopération technique et scientifique entre les acteurs de différents domaines afin d'élaborer des stratégies au niveau international. Elle a notamment publié en 2019 un guide tripartite pour la gestion des zoonoses.
Crise alimentaire
Si depuis 2010, les efforts se sont concentrés sur la rage, l'antibiorésistance et les influenzas zoonotiques, l'Alliance mobilise aussi ses ressources en cas de situations exceptionnelles. « Actuellement, avec l'infection Covid-19, la priorité est la crise sanitaire humaine, avec notamment la mise en place de tests et la recherche de traitements et de vaccins. À ce stade, l'OMS, en lien avec les ministères de la Santé, est donc davantage impliquée que l'OIE et la FAO », explique Monique Eloit. Cependant, l’OIE contribue à ces efforts et a publié des recommandations pour les laboratoires vétérinaires qui seraient appelés à faire des analyses de santé humaine.
De plus, l'OIE travaille étroitement avec le groupe de recherche R&D Blueprint de l'OMS et a mis en place des groupes de travail afin d'identifier la source de la maladie, en collaboration notamment avec l'institut Pasteur. À ce jour, l'origine animale du SARS-CoV-2 n'est pas totalement démontrée, mais elle est fortement probable.
« La crise liée à l'infection Covid-19 entraîne aussi une crise alimentaire dans de nombreux pays, en particulier en Afrique et en Asie. La FAO est alors en première ligne avec l'organisme Programme alimentaire mondial », poursuit Monique Eloit.
Réorganiser les marchés
Ce type de pandémie incite aussi l'Alliance tripartite à revoir ses priorités en termes de programmes d'actions. « La crise révèle certaines nécessités. L'Alliance tripartite, et l'OIE en particulier, va élaborer des recommandations de bonnes pratiques d'hygiène et d'organisation pour les marchés qui vendent des viandes d'animaux sauvages et des animaux vivants, avance la directrice générale de l'OIE. Nous ne préconisons pas leur arrêt total, car les réalités culturelles et économiques sont à prendre en compte ».
Avec toutes les questions qu'elle soulève, la crise liée à l'infection Covid-19 mobilise de nombreuses équipes. Monique Eloit appelle toutefois à ce que les scientifiques et les partenaires financiers n'allouent pas toutes leurs ressources à cette crise au détriment des autres actions : « l'équilibre doit être trouvé de façon à maintenir les bénéfices acquis jusque-là ».
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