Par rapport à une vaccination classique, à quoi faut-il être plus attentif dans cette campagne vaccinale contre le Covid-19 ?
Pr Serge Gilberg : Ce qui change, c’est d’abord la vérification de l’éligibilité des patients à la vaccination et de l’absence de contre-indication. La logistique va différer aussi. D’habitude, le patient vient au cabinet avec le vaccin qu’il a retiré chez son pharmacien. Là, c’est le médecin qui ira chercher les doses en fonction des séances de vaccination qu’il a programmées. Dans un premier temps, nous ferons du sur-mesure. Le nombre de doses disponibles sera extrêmement faible et chaque pharmacien décidera à quel médecin il les donne. Le niveau d’organisation, la relation territoriale et de proximité vont primer.
Comment allez-vous procéder pour sélectionner les patients à vacciner ?
Pr S. G. : Selon une récente enquête du Collège, 98 % des généralistes ont déclaré qu’ils proposeraient la vaccination et 85 % qu’ils la feraient. Mais les médecins ne pourront pas aller « chercher » les patients de moins de 65 ans avec comorbidités concernés. Nous ne disposons pas, malheureusement, de la liste des patients non vaccinés. Si les Caisses nous envoyaient une liste des patients qui ont déjà reçu le vaccin, comme pour la grippe, ce que nous revendiquons, cela nous aiderait.
La vaccination, avec toutes les étapes à respecter, n’est-elle pas trop chronophage ? Vous semble-t-elle compatible avec l’exercice de la médecine générale en solo ?
Pr S. G. : Les médecins sont déjà habitués à respecter des protocoles de vaccination ! Dans le cas présent, il y a tout le travail d’interrogatoire préalable dont nous avons parlé, il faut tracer le vaccin, rentrer les informations dans le téléservice Vaccin Covid, mais tout cela est à leur portée. La cible initiale des moins de 65 ans à risque ne représente pas des centaines de personnes par patientèle ! La vaccination ne devrait pas entrer en concurrence avec l’activité classique. Il est tout à fait possible de bloquer deux heures par semaine pour vacciner. Comme dans les centres de vaccination, le praticien peut préparer ses seringues pour 10 ou 20 injections.
Indépendamment de la pénurie de vaccins, avez-vous identifié d’autres potentiels obstacles ?
Pr S. G. : Nous avons anticipé que des gens pourraient ne pas honorer leur rendez-vous, être cas contact ou être fièvreux le jour J. Pour ne pas perdre des doses, il est préférable que le médecin établisse une liste de personnes habitant dans le secteur et qui pourraient être vaccinés à tout moment.
La vaccination anti-Covid va-t-elle devenir la norme dans les cabinets de médecine générale ?
Pr S. G. : Notre document vise à aider les généralistes à se préparer à vacciner avec AstraZeneca dans leur cabinet. Nous demandons depuis le début que les généralistes capables de s’organiser puissent aussi disposer à terme des vaccins Pfizer-BioNTech et Moderna. Si nous parvenons à nous organiser pour ce vaccin, nous serons prêts pour les autres.
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