L’affaire avait éclaté début 2024 avec la plainte contre X déposée en janvier par l’association Renaloo. Un comité de six experts en néphrologie semble confirmer les craintes de dialyses abusives à Nancy, selon Le Monde qui a eu accès au rapport remis ce 25 juin à la direction générale de l’agence régionale de santé (ARS) Grand-Est.
Ce document encore non publié corroborerait plusieurs constats préliminaires, révèle le quotidien national. Le rapport avait été réalisé à la demande de la directrice générale de l’ARS, Christelle Ratignier-Carbonneil, ex-directrice de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) jusqu’en juin 2024.
Une majorité de dialyses non justifiée
L’analyse, qui porte sur 38 dossiers de patients dialysés entre 2021 et 2023 pour insuffisance rénale aiguë, indiquerait que « la dialyse était justifiée dans seulement 16 cas sur 38 », pointerait le rapport. Autrement dit, la pratique n’était pas justifiée dans 60 % des cas.
« La dialyse était décidée dès qu’il y avait une dégradation de la fonction rénale, sans rechercher des signes cliniques de gravité et avant même d’avoir fait un diagnostic étiologique », cite l’article du Monde. Et quand cette filtration rénale était justifiée, elle « ne faisait pas l’objet d’une réévaluation quotidienne clinique et biologique en mettant en balance le bénéfice-risque, en particulier pour les personnes âgées », lit-on encore. Des séances évitables et/ou inutiles ont exposé les patients « à des traitements lourds et invasifs », pointe le journal relayant « un décès après dialyse imputable à celle-ci ».
Le rapport mentionnerait que la Dr Moufida Bellou et le Dr Victor Panescu « ne se sont pas montrés suffisamment vigilants sur leurs pratiques ». Mais la responsabilité ne pourrait être « imputée aux seuls praticiens », estimeraient les experts : le nombre de malades par néphrologue aurait été trop élevé, « rendant difficile de consacrer le temps suffisant pour chaque malade » et la direction « semble s’en être occupée tardivement et se dédouaner ». À cela s’ajoute un défaut de communication, avec des problèmes dans les transmissions et « l’absence de décision collégiale ».
D’autres dossiers en France, une mission de l’Igas en cours
Autre point de crispation : l’alerte avait été donnée par deux consœurs néphrologues travaillant dans la clinique, qui avaient informé les autorités et Renaloo. Le conseil régional de l’Ordre des médecins les avait condamnées en première instance pour « attitude non confraternelle ». Dans un communiqué, Renaloo indique qu’un appel est en cours. « Nous souhaitons annuler cette décision de première instance que l’on considère comme infondée, inappropriée et qui manque de clairvoyance », a indiqué au Monde l’avocat de Renaloo, Me Charles Joseph-Oudin.
Après la plainte de l’association, une enquête préliminaire a été ouverte en avril 2024 par le parquet de Nancy pour « homicides involontaires et blessures involontaires ». Selon l’avocat, il est « très probable qu’une information judiciaire soit ouverte ». Renaloo appelle à ce que « de telles dérives ne puissent jamais se reproduire ».
Le rapport formulerait plusieurs propositions pour l’établissement nancéen : nombre de néphrologues adapté, clarification des responsabilités entre services (néphrologie, soins intensifs, etc.). Quant aux deux néphrologues incriminés, dont le contrat a été rompu par l’HPNL en mars 2024, ils ont ouvert une consultation à quelques dizaines de mètres de la clinique. « Il appartient aux autorités compétentes, le conseil de l’Ordre des médecins et le pouvoir judiciaire, de décider de la suite à donner à ce dossier », recommanderaient les experts. Alors que « d’autres centres de dialyse ont été épinglés ces dernières années » et que « plusieurs nouveaux dossiers seraient en cours d’examen », Renaloo dit attendre les conclusions à l’échelle nationale d’une mission relative « aux pratiques de dialyse et à la maladie rénale chronique », qui a été confiée en mars à l’Inspection générale des affaires sociales (Igas).
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