L'affaire remonte à décembre 2023. Vers 20 heures, un médecin généraliste du cabinet SOS Médecins d’Auxerre (Yonne) avait été roué de coups par le mari d’une patiente, après avoir attendu plusieurs heures en salle d’attente. Blessé au thorax, à la hanche et au poignet, le praticien avait porté plainte. Le conseil départemental de l’Ordre des médecins ainsi que l’association de SOS Médecins d’Auxerre s’étaient constitués partie civile dans ce procès.
Jugé par le tribunal correctionnel d’Auxerre, l’agresseur a été condamné à « un an de prison avec sursis », alors que le procureur de la République avait réclamé de la prison ferme. Outre cette sanction, l’agresseur a interdiction de se rendre dans ce cabinet, il devra effectuer un stage de citoyenneté à ses frais et dédommager le praticien agressé, l'association SOS Médecins d'Auxerre ainsi que le conseil départemental de l'Ordre des médecins. « L’importance pour nous, c’est qu’il soit sanctionné, se félicite le Dr Philippe Mifsud, président de SOS Médecins Auxerre. Maintenant nous allons pouvoir tourner la page ». Selon Franceinfo, l’avocat du médecin, Me Florian Grigis, s’est aussi réjoui de ce jugement équilibré : « Les agressions de médecins sont de plus en plus répétées dans le département. On a le sentiment que le message est passé (...) On n’agresse pas les personnels soignants, surtout dans un contexte de tensions à ce niveau-là ».
Incompréhensible
Interrogé par Le Quotidien sur une deuxième agression qui s’était déroulée « en février » dernier dans le même cabinet de consultation, le Dr Mifsud avoue ne pas comprendre la décision (de classement sans suite) du procureur de la République.
Le médecin victime avait cette fois été agressé verbalement par un individu réclamant que le médecin prolonge la durée d’arrêt de travail de sa femme. « L’homme avait traité mon collègue de “sale mouton” et lui avait dit que s’il ne le faisait pas, ça allait “très mal se passer pour lui aujourd’hui” », rappelle le Dr Mifsud. Or, « cette autre affaire a été classée sans suite par le procureur. Cela nous ennuie beaucoup », avoue le médecin. Dans ce territoire déjà touché par la désertification médicale, cette décision du procureur risque de ne pas être comprise et d’avoir des effets négatifs, craint le Dr Mifsud. « Dans ce contexte, comment voulez-vous attirer les jeunes médecins pour nous remplacer ? », avance-t-il.
Selon le dernier bilan de l’Ordre, les violences à l’encontre des blouses blanches ont bondi de 27 % sur l’année 2023 avec 1 581 incidents recensés, une année record en matière de violences contre les médecins. Les agressions verbales représentaient 73 % des incidents déclarés contre 8 % de violences physiques.
Missions, consultation et diagnostic, prescription : le projet Valletoux sur la profession infirmière inquiète (déjà) les médecins
Désert médical : une commune de l’Orne passe une annonce sur Leboncoin pour trouver un généraliste
Pratique libérale : la chirurgie en cabinet, sillon à creuser
Le déconventionnement tombe à l’eau ? Les médecins corses se tournent vers les députés pour se faire entendre