« Je suis furieux contre l’Ordre national ! Si on l’écoute, il faudrait qu’on se taise », déplore le Dr Jean-Paul Hamon. Le président d'honneur de la FMF vient d’écoper d’un avertissement, en appel, de la chambre disciplinaire nationale de l’Ordre des médecins pour ses propos visant le chanteur Francis Lalanne, star des années quatre-vingt, devenue une figure du mouvement antivax et antimasque pendant la crise sanitaire.
Le litige remonte à 2021. Le Dr Jean-Paul Hamon avait vivement critiqué l'attitude du chanteur lors d'un rassemblement contre les mesures de restriction anti-Covid, en pleine troisième vague. Face à une foule de 350 personnes, Francis Lalanne avait appelé à ne pas porter le masque : « Ils disent qu’il est obligatoire mais ils ne disent pas où. Mettez-le sur le front, à la ceinture, en boucles d’oreilles. Vous pouvez aussi vous en servir pour ramasser les merdes des chiens », avait ironisé le chanteur contestataire, avant d'appeler son public à s'embrasser.
La déontologie non respectée
Invité sur Cnews au même moment, le Dr Hamon avait fait éclater sa colère, qualifiant Francis Lalanne d’« abruti », puis « d’illuminé » et avait demandé « pourquoi on ne le colle pas au trou », rappelant que des personnes étaient en train de mourir en réanimation. Des propos qui ne sont pas passés car Francis Lalanne avait dans la foulée porté plainte. En 2023, la chambre disciplinaire du conseil régional de l'Ordre des médecins d'Île-de-France a alors rejeté sa plainte contre le Dr Hamon, jugeant les propos du chanteur « outranciers et particulièrement provocateurs » en pleine crise sanitaire.
Mais Francis Lalanne avait fait appel de ce jugement auprès de la chambre disciplinaire nationale. Lors de l’audience du 9 janvier 2025, le juge ordinal a finalement donné raison au chanteur en annulant la décision rendue en première instance et en sanctionnant le généraliste de Clamart (Hauts-de-Seine) d'un avertissement. La chambre disciplinaire nationale a considéré que « les injures proférées (..) doivent être regardées comme un manquement à son obligation de ne pas déconsidérer la profession », même si « le Dr Hamon était en droit de faire part de vive indignation devant la prise de position de M. Lalanne », peut-on lire dans la décision. « C’est un scandale. J’aurais dû porter plainte pour mise en danger d’autrui contre Francis Lalanne », regrette aujourd’hui le Dr Hamon, qui réfléchit à saisir le Conseil d’État pour faire annuler la décision de la chambre disciplinaire nationale.
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