Contacté par Le Généraliste, Guillaume Barucq confie « avoir écrit un message d’encouragement à ce médecin ». « On ne peut pas le laisser dans cette situation terrible, explique-t-il. Si à partir d’aujourd'hui on peut assigner un généraliste pour lui faire porter la responsabilité d’un accident de jeu ou de sport, où allons-nous ? Après cette histoire je me vois mal signer une licence de rugby à un première ligne qui aurait le moindre antécédent. »

Le médecin basque enjoint d'ailleurs ses confrères et les syndicats à se saisir de l'affaire. « Tout généraliste peut s’identifier à cette histoire, il faut soutenir ce confrère, clame-t-il. Même s’il n’est pas reconnu coupable à la fin, rien que d'avoir l’idée d’aller chercher la responsabilité d’un médecin qui a fait son boulot me semble déplacé. »

Sortir du flou artistique

Le généraliste se dit choqué. « Vous êtes devant un patient que vous ne connaissiez pas avant. Vous l’examinez, vous l’interrogez. Il n’y a pas l’air d’avoir de problème apparent et vous dit que ses examens récents sont normaux… Vous êtes obligé de lui accorder bonne foi. Ou alors on ne signe que les certificats de ses patients. Mais à ce moment-là il faut changer les règles du jeu ! »

Le médecin basque pointe du doigt l'encadrement des consultations pour les certificats médicaux de non-contre indication à la pratique d'un sport. Selon lui, il faut « sortir du flou artistique », et que chaque fédération sportive liste les examens précis à réaliser pour la délivrance d'un certificat de non contre-indication (l'accident a eu lieu avant la récente réforme, NDLR) et prévoie une consultation longue rémunérée comme telle.

Repenser le rugby

Si le médecin remarque que « les médecins des clubs dans lesquels le joueur a joué avant ne lui ont pas interdit de jouer ». Il pose également la « question de la responsabilité individuelle du patient qui prime sur celle d’un médecin ». Aussi grave soit-il, l'accident dont le joueur a été victime n’est pas rarissime, observe Guillaume Barucq. « Cela peut arriver et notamment chez des joueurs qui n’ont pas d'antécédent au niveau cervical. Je suis curieux de voir comment on va établir le lien de causalité entre l'état précédent du patient et les conséquences… C’est un fait de jeu dramatique, on ne peut pas que compatir avec la douleur de ce joueur. Mais que des cabinets d'avocats conseillent d’attaquer des généralistes est grave car on trouvera toujours une faille. »

Pour limiter les accidents, la solution vient aussi du terrain estime le Dr Barucq. « On envoie des jeunes joueurs au casse-pipe. Avant de poursuivre un généraliste, il faut peut-être se poser des questions sur la façon dont le rugby moderne est pratiqué », conclut le généraliste de Biarritz.