Les médecins ont-ils perdu confiance en leurs syndicats ?
Cette défiance s'agrandit-elle ?
P.H. : Il n’y a pas d’élément chiffré depuis 2015. Mais la création depuis quelques années de nouvelles organisations de jeunes médecins révèle un manque de représentativité. Les hommes assez âgés sont en effet sur-représentés dans les instances des organisations syndicales. En tout cas pour les plus anciennes, qui contrairement aux nouvelles ne portent presque aucune trace de la féminisation du métier. Le Syndicat national des jeunes médecins généralistes a actuellement un bureau exclusivement féminin. Ces nouvelles organisations, qui illustrent les limites de représentativité des organisations syndicales établies, émettent aussi des revendications en partie différentes. Moins attachées au libéral par exemple, elles privilégient l’exercice mixte.
Comment expliquez-vous cette érosion ?
P.H. : Avec la CSMF comme seul syndicat jusqu’au début des années 1960, nous sommes passés d’une situation “monopolistique” à une fragmentation très forte. Les syndicats de médecins libéraux se sont multipliés. Un ancien dirigeant de la CSMF m’a parlé d’un réflexe naturel à adhérer à la Confédération. ça faisait partie de l’appartenance à la profession. Cela s’est progressivement perdu avec la concurrence. C’est un paradoxe : plus il y a de syndicats, moins ils ont une audience forte. Avec un syndicat unique, l'identification était plus prononcée. Mais comme dit précédemment, celle-ci a été mise à mal par le leadership quasi exclusif de quinquagénaires (et plus) masculins. Leur focalisation sur la défense du libéral, alors que les enjeux tendent à se déplacer, pose aussi problème. Il y a enfin eu des coordinations, des mouvements constitués en dehors des organisations syndicales comme “Les médecins ne sont pas des pigeons”. Cela traduit une certaine insatisfaction liée au mode d’action des syndicats.
* Professeur de sciences politiques à l’université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines
Patrick Hassenteufel* : « Plus il y a de syndicats, moins ils ont une audience forte »
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