LE DR JEAN-BAPTISTE Bertrand, généraliste depuis 30 ans à Permes les Fontaines (Vaucluse), ne décolère pas. Fin 2008, comme cela arrive parfois, il répond à la réquisition de la gendarmerie pour établir un certificat médical d’aptitude à garde à vue. Ce papier atteste que l’état de santé de la personne qui vient d’être interpellée est compatible avec les deux jours de garde à vue. Quarante-huit heures plus tard, ce médecin est menacé directement au téléphone par la personne incriminée. « Elle m’a dit : " Tu as signé le certificat d’aptitude, fais attention où tu vas, on va te casser les deux cannes ", raconte-t-il. Je n’ai pas répondu mais elle a rappelé une deuxième fois en continuant à m’insulter et à me menacer. » Cette femme, puisqu’il s’agit d’une femme, poursuit, toujours aussi véhémente : « Ce n’est pas la peine d’aller voir les flics, j’assume ce que je dis ».
Le Dr Bertrand porte immédiatement plainte auprès des gendarmes qui découvrent assez vite au cours de leur enquête que c’est bien la dame qui a passé les coups de fil de son domicile. Pourtant le procureur de Carpentras ne s’en émeut pas outre mesure et décide de classer l’affaire sans suite. Au grand dam du docteur Bertrand qui ne veut pas se contenter de l’explication donnée. « On me dit que c’est un regrettable incident… Je ne peux accepter cela car c’est mettre ma parole en doute alors que les deux appels ont été établis. Pour moi c’est un encouragement aux voyous à menacer impunément les experts désignés par la justice. Je me bats pour la défense de notre profession. » S’il continue à répondre aux réquisitions de la gendarmerie, il veut aussi obtenir justice. « J’ai peur, ajoute-t-il, que cela n’aille pas plus loin. Mais je n’ai pas envie de laisser tomber. Je ne veux pas que cela se renouvelle pour mes confrères. »
Le Dr Bertrand se dit soutenu par le conseil de l’Ordre départemental qui en aurait référé selon lui au Conseil national. Celui-ci pourrait demander des explications à la chancellerie. Le généraliste a également écrit au député de sa circonscription et souhaite en référer maintenant au président de la République lui-même. « Je ne peux pas tolérer ce que je prends pour un encouragement aux voyous à menacer les confrères », martèle-t-il. À 60 ans, ce médecin avoue fièrement ne pas vouloir baisser les yeux…
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