« MÉDECIN SCOLAIRE aujourd’hui, médecin scolaire demain, luxe ou nécessité ? », vont s’interroger pendant deux jours les participants au colloque organisé à Bichat par le Syndicat national autonome des médecins de santé publique de l’Éducation nationale (SNAMSPEN). La question est toute rhétorique pour des praticiens que les pouvoirs publics placent depuis plusieurs années dans une situation paradoxale. « Nos compétences sont reconnues - et très reconnues - par la loi, explique le Dr Marie-Blandine Basalo, secrétaire générale du SNAMSPEN. La loi sur la protection de l’enfance de 2007 nous a confié quatre bilans de santé ; en 2005, le parlement nous a donné un rôle dans la scolarisation des enfants handicapés… En gros, on nous dit « Allez-y, les petits, vous êtes très bons ! » . Le problème, c’est que ces textes sont inapplicables. Comment faire quatre bilans quand on n’arrive déjà pas à en faire un seul (celui de 6 ans) ? »
Pénurie.
Faute de bras, la médecine scolaire prend l’eau. À la dernière rentrée des classes, le nombre de postes vacants a battu tous les records (voir encadré). Deux mouvements sont à l’uvre : le métier perd son attractivité tandis que les vacations, économies obligent, se réduisent comme peau de chagrin. « Nous sommes les plus mal payés des médecins salariés, constate le Dr Basalo, il n’est donc pas étonnant que les médecins scolaires aillent voir si l’herbe est plus verte ailleurs. » Ceux qui quittent l’Éducation nationale rallient la fonction publique territoriale ou le ministère de la Santé. Quant aux jeunes médecins, la carrière ne les tente plus.
Ceux qui restent se retrouvent à exercer dans des conditions bien éloignées de celles qui leur sont faites sur le papier. Marie-Blandine Basalo se désole : « Au lieu de faire de la prévention, de la promotion de la santé collective et individuelle, nous éteignons des feux, nous faisons face à des situations dégradées, à des problèmes avérés. Nous voulons essayer de revisiter tout ceci et voir quelles réorganisations sont possibles. » Au chapitre de ces « réorganisations », le SNAMSPEN en dégage déjà au moins une : le changement de tutelle. « Nous demandons à nous inscrire dans le système de santé, et donc à sortir de la tutelle de l’Éducation nationale », fait valoir sa secrétaire générale. Pourquoi cette démarche ? Parce que le syndicat fait « un constat d’abandon de ses propres médecins » par le ministère de l’Éducation nationale. Les services de Xavier Darcos étant sourds aux doléances des médecins scolaires, le SNAMSPEN veut voir inscrite noir sur blanc cette catégorie de praticiens dans la future loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST). Il s’agit, précise le Dr Basalo, d’inscrire la santé scolaire parmi les services qui vont travailler avec les ARS (agences régionales de santé). Une « manuvre » qui ne pourra passer que par des amendements puisqu’au jour d’aujourd’hui, le texte du projet de loi est bouclé.
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