DE NOTRE CORRESPONDANTE
L’ACCUSATION avait requis 21 ans de prison. Pier Paolo Brega a écopé de 15 ans (« le Quotidien » du 4 novembre). Il y a deux ans, l’affaire de la clinique Santa Rita, rebaptisée « la clinique des horreurs », avait bouleversé les Italiens. Opérations inutiles avec ablations d’organes, traitements douloureux et également inutiles, telles étaient les atrocités reprochées au chef de service de chirurgie thoracique de cette structure sanitaire. Selon les enquêteurs, 86 personnes avaient été opérées pour permettre à la clinique d’obtenir des remboursements plus élevés du système de santé italien, moyennant des interventions plus importantes que nécessaires. À titre d’exemple, une patiente avait subi l’ablation d’un sein pour un simple nodule. Un homme avait été amputé d’un demi-poumon pour une pleurésie. En outre, les décès de cinq malades sont considérés comme suspects.
Du coup, la liste des accusations contre Pier Paolo Brega et ses deux complices, Pietro Pecci, condamné à 10 ans, et Marco Pansera (6 ans et 9 mois), s’est allongée. Il y vingt-deux mois, lors de l’ouverture du procès, les trois médecins ont dû répondre de fraude à la sécurité sociale pour un montant de 2,5 millions d’euros et d’homicide volontaire, avec la circonstance aggravante de la cruauté.
Le scandale avait éclaté en juin 2008. Avant son arrestation, le Pr Pier Paolo Brega avait tenté de se défendre en direct dans plusieurs émissions de télévision. À chaque apparition sur le petit écran, il affirmait que « la médecine, contrairement aux mathématiques, est une question d’opinion ». Après avoir été arrêté, il n’avait pas modifié sa position et clamait son innocence malgré une série de preuves accablantes. Libéré cinq mois après son incarcération, le chirurgien avait été à nouveau emprisonné quelques mois plus tard du fait des accusations d’homicide volontaire.
Les trois condamnés devront également verser de 50 000 à 80 000 euros d’indemnités à une quarantaine de malades qui se sont constitués partie civile et 90 000 euros à la région et au système de santé italien.
Quatorze personnes, dont 13 médecins, étaient poursuivies dans ce scandale mais cinq d’entre elles ont négocié leur peine sans procès, notamment le propriétaire de l’établissement, un notaire septuagénaire
Les avocats des accusés ont déjà annoncé qu’ils feront appel. Une décision importante car, selon plusieurs experts juridiques, les peines infligées aux trois médecins pourraient être revues à la hausse.
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