Un médecin généraliste de Cherbourg (Manche) a été suspendu pendant trois mois ferme pour avoir cautionné par ses propos l'extermination des handicapés et des homosexuels sous le IIIe Reich, a-t-on appris mardi auprès du conseil régional de l'Ordre des médecins de Basse-Normandie.
Saisie par l'agence régionale de santé de Normandie, la chambre disciplinaire du conseil régional de l'Ordre a interdit au Dr Jean-François Pion, médecin généraliste chez SOS Médecins, d'exercer sa profession pendant six mois, dont trois mois avec sursis, à compter du 9 octobre.
Selon cette décision, il est reproché au médecin d'avoir tenu en janvier, devant une infirmière, des propos « violents et discriminatoires à l'égard des handicapés et des homosexuels » à l'issue d'une intervention à la maison d'accueil spécialisée de La Glacerie (Manche), qui accueille des adultes handicapés dépendants.
« Un bon coup de cyanure »
Selon l'infirmière présente au moment des faits, les réflexions du Dr Pion portaient sur le sort qui pourrait être réservé à des personnes gravement handicapées (le médecin parlant d'« un bon coup de cyanure »), sur la « solution finale » des nazis à l'égard des « individus qui ne servent à rien dans la société, les handicapés et les homosexuels », ainsi que sur l'intérêt de ne pas laisser se reproduire les « neuneus ».
L'avocat du médecin, Me Thomas Baudry, a soutenu lors de l'audience que ces propos avaient été tenus dans un cadre extra-professionnel et inspirés par un « questionnement sur le sort de personnes gravement handicapées et la relative impuissance du médecin », mais qu'ils n'exprimaient pas une adhésion à des thèses d'élimination ou de discrimination.
Le conseil de l'Ordre a considéré, lui, qu'il s'agissait bien de propos tenus dans le cadre du service et que ces derniers étaient « contraires au respect de la vie humaine, de la personne et de sa dignité » prôné par le Code de la santé publique.
Il souligne également que même en admettant « que les propos du Dr Pion n'expriment pas une adhésion sans réserve à des thèses d'eugénisme et d'élimination de certaines catégories de personnes – adhésion dont se défend le médecin –, ils tendent à tout le moins à présenter comme dignes d'intérêt des actes, envisagés comme systématiques, que la loi prohibe ».
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