« Face à un enjeu devenu majeur dans la région, la désertification médicale, nous avons initié quelque chose de positif », se félicite le Dr Bruno Silberman avec quelques années de recul. Président de l'URPS médecins libéraux depuis dix ans, il a fait du soutien sur-mesure à l'installation et de la promotion de l'exercice libéral regroupé le credo de ses deux mandats, dans un contexte où le coût de l'immobilier est souvent rédhibitoire.
Tout commence en 2012 avec les permanences locales d'aide à l'installation, créées pour accompagner les médecins dans leur projet libéral grâce à des conseils personnalisés. Mais face à l'urgence démographique, l'URPS voit rapidement plus grand.
En juillet 2017, l'Union signe un protocole d'accord avec l'agence régionale de santé (ARS), dans le cadre d'un contrat pluriannuel d'objectifs et de moyens (CPOM) jusqu'en 2022. Objectif : aider de manière plus directe et puissante les médecins libéraux à concrétiser leur projet ou visser leur plaque. Outre les permanences d'aide à l'installation, le protocole prévoit un soutien pour redynamiser les cabinets fragilisés, et surtout une aide à l'investissement immobilier pour les projets de cabinets de groupe.
« Le fait de signer un CPOM avec l'agence était une première, assure le Dr Silberman. Tout est parti du constat de pénurie en médecins, généralistes et spécialistes. En creusant, on s'est rendu compte que les structures collectives avaient un problème de pérennité et de modèle économique quand un médecin part à la retraite. L'immobilier est devenu le premier frein à l'installation dans la région, à cause de son coût et des normes d'accessibilité. Nous avons ensuite convaincu l'ARS d'agir là-dessus, en finançant les murs (achat, construction) et les travaux (aménagement, extension, mises aux normes). »
167 projets financés
Un peu plus de trois ans après la signature du protocole, le bilan mis en avant par l'URPS est éloquent : 167 projets de structures collectives, dont plus des deux tiers portés par des professionnels de santé, ont été financés par l'ARS sur la base d'un co-investissement de 40 % maximum du coût total (plafonné à 250 000 euros) soit un total de 31 millions d'euros investis. Ces locaux abritent 1 437 professionnels de santé travaillant en équipe, dont 557 généralistes et 121 spécialistes âgés en moyenne de 43 ans. Ils sont répartis sur l'ensemble de la région francilienne (28 projets dans l'Essonne, 25 à Paris, 23 dans les Yvelines et le Val-de-Marne…).
Le Dr Ilhame Najem, médecin généraliste de 31 ans, fait partie de ces libéraux de santé qui ont été accompagnés et soutenus. Installée dans une maison de santé à Pantin (Seine-Saint-Denis) depuis janvier 2021 avec trois autres généralistes, un infirmier, une psychiatre, un psychologue et une sage-femme, elle a bénéficié des permanences d'aide à l'installation puis du soutien à l'investissement. « À peine thésée en 2018, j'ai eu le projet de m'installer en équipe à Pantin. Mais très vite, j'ai constaté que les démarches étaient compliquées. J'ai été présentée à l'URPS par le biais de la mairie, et nous avons pu bénéficier d'un accompagnement pour le projet de création de notre maison de santé », raconte la jeune médecin.
Trait d'union
Sur un total d'1,2 million d'euros (achats des murs et travaux), l'équipe de la maison de santé bénéficie d'une aide de 250 000 euros — avec un coup de pouce de la région et de la mairie de Pantin en plus. « Sans l'aide de l'URPS, cela aurait été impossible, ils ont fait le trait d'union entre nous, les soignants, et les institutions, reconnaît le Dr Najem. Aujourd'hui, même s'il nous reste des problèmes pratico-pratiques à régler, nous sommes très contents de nos locaux, et on ne regrette pas du tout l'installation en libéral. »
À l'avenir, l'URPS espère continuer à promouvoir l'exercice libéral regroupé en Ile-de-France et à agir sur la démographie médicale, sans dogmatisme. « Il faudrait par exemple élargir plus largement vers les autres spécialités médicales, comme la dermatologie, qui sont à la peine dans des départements comme la Seine-et-Marne », entrevoit déjà le Dr Bruno Silberman.
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