L'ex-chirurgien Joël Le Scouarnec sera de retour lundi à Saintes (Charente-Maritime) devant les assises du département. Il est jugé pour viols et agressions sexuelles sur quatre mineures, premier volet d'une affaire de pédophilie « hors normes ».
Commencé le 13 mars et aussitôt interrompu par le confinement, le procès très attendu du chirurgien retraité de 70 ans devrait reprendre à huis clos. La cour d'assises de la Charente-Maritime aura jusqu'à jeudi 3 décembre pour tenter de percer la face cachée de ce médecin respecté, père de trois fils, qui a suivi pendant 30 ans un itinéraire pédophile jusqu'à son arrestation en mai 2017 dans la cité thermale de Jonzac.
Des aveux attendus
L'accusé devra répondre des viols et agressions sexuelles entre 1989 et 1999 à Loches (Indre-et-Loire) sur deux de ses nièces, aujourd'hui trentenaires ; des agressions sexuelles sur une patiente de l'hôpital communal âgée de quatre ans en 1993 ; et des faits de viol et exhibition sexuelle sur sa voisine de 6 ans dans leur jardin mitoyen à Jonzac. C'est elle, avec ses mots d'enfant, qui l'avait dénoncé en avril 2017.
« Il est temps qu'il passe aux aveux afin que les victimes puissent se reconstruire (...) il n'a plus rien à perdre », souligne l'avocate des parents de cette dernière. « Il n'est pas dans une logique de déni (...) Il sait que depuis des années, il a eu un comportement qui a fait du mal », assurait en mars l'avocat du médecin, Me Thibaut Kurzawa. Le chirurgien, qui reconnaît des attouchements mais conteste toute pénétration digitale, encourt 20 ans de réclusion criminelle.
Autre affaire en Bretagne
L'ombre d'une autre affaire d'une ampleur « sans précédent » devrait planer sur ce procès lundi. Le chirurgien a en effet été mis en examen en octobre 2020 par le parquet de Lorient (Morbihan) pour viols et agressions sexuelles sur 312 victimes, la plupart identifiées grâce à l'exploitation d'un journal de bord qu'il a tenu pendant plus de 25 ans, au fil de sa carrière dans des hôpitaux du centre et de l'ouest de la France.
Méthodiquement, le chirurgien digestif y a recensé les noms de centaines de filles et garçons, associés à des descriptions de sévices infligés dans le huis clos de leur chambre d'hôpital ou des salles de réveil. Outre ce journal de bord, les gendarmes ont découvert chez lui des poupées, des photos de ses deux nièces dans des postures sexuelles, et 300 000 images pédopornographiques – « une boulimie », concédera le médecin.
Cette seconde procédure devra déterminer si des tiers se sont abstenus d'empêcher les agissements du médecin, décrit par des experts comme un « manipulateur fasciné par la pédophilie ». D'après l'enquête, ses penchants étaient connus dès les années 1990 de sa famille, et dans le milieu hospitalier, qui avait appris en 2006 sa condamnation pour consultation d'images pédophiles.
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