LA COUR D'APPEL de Paris a confirmé l'interdiction de l'exposition anatomique « Our Body, à corps ouvert », qui présente à Paris des cadavres humains. Le 21 avril, le juge des référés Louis-Marie Raingeard avait, en première instance, ordonné la fermeture de l'exposition et placé les corps litigieux sous séquestre, considérant d'une part que les cadavres avaient leur place au cimetière et d'autre part que leur mise en scène était contraire à la décence.
Cette fois, le premier président de la cour d'appel, Jean-Claude Magendie, s'est appuyé sur le doute entourant l'origine des corps. « La société Encore Events (organisatrice de l'exposition) ne rapporte pas la preuve, qui lui incombe, de l'origine licite, et non frauduleuse, des corps litigieux et de l'existence de consentements autorisés », souligne la cour d'appel dans sa décision.
« À ma connaissance, c'est la première fois qu'une exposition est interdite » en France, a réagi Me Hervé Temime, qui défend l'organisateur. Déçu, il salue toutefois le contenu de l'arrêt rendu, « une décision infiniment plus intéressante que celle du premier juge, qui était indéfendable » et constituait, selon lui, « un risque extrême » pour la laïcité.
Un jugement nuancé.
Lors de l'audience d'appel, mardi, le ministère public avait implicitement demandé la confirmation de l'interdiction. « Dans notre société, il y a des tabous, des domaines dans lesquels on n'a pas le droit de pénétrer, des transgressions qu'il n'est pas possible d'autoriser... Le corps humain a le droit au repos », avait estimé l'avocate générale.
La cour d'appel s'est montrée beaucoup plus nuancée. Certes, le Code civil dispose que « le respect du corps humain ne cesse pas avec la mort », mais « cette protection n'exclut pas l'utilisation des cadavres à des fins scientifiques ou pédagogiques ». Ce qui laisse la porte ouverte aux expositions de cadavres humains en France. Toutefois, souligne la cour, « la protection du cadavre et le respect dû à celui-ci commandent de rechercher si les corps ainsi exposés ont une origine licite et s'il existe un consentement donné par les personnes de leur vivant sur l'utilisation de leur cadavre ».
Un point sur lequel les organisateurs n'ont pas su répondre, se reposant uniquement sur les déclarations de la fondation chinoise qui leur a fourni les corps et dont le « sérieux » et la « crédibilité » restent sujets à caution.
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