LA STRATÉGIE DE DÉFENSE de Jérôme Kerviel a échoué. Il s’est présenté, depuis le début de l’affaire comme la victime d’un système uniquement destiné à gagner de l’argent et dont les risques n’étaient ignorés de personne. Chacun sait néanmoins qu’il a outrepassé les limites qui lui étaient assignées. Il disposait d’un mandat pour ne jamais mettre en jeu plus de 50 millions d’euros, il est parvenu à faire perdre près de cinq milliards à la Société générale. Et il a utilisé ses remarquables compétences pour masquer ses énormes dépassements, au nez et à la barbe des personnes chargées de le contrôler. Tout au long de cette incroyable arnaque, il a bénéficié, si l’on peut dire, d’une malsaine indulgence. En d’autres termes, on voulait bien qu’il gagne de l’argent, même en falsifiant ses positions, mais, s’il en perdait, il serait livré aux carnassiers qui peuplent le monde bancaire, et au-delà.
LA RÉFORME DU SYSTÈME N’A PAS EU LIEU
L’honneur du capitaine n’a plus cours.
Le procès de M. Kerviel, ce beau brun ténébreux et secret, n’était pas celui des banques. La justice, cependant, est au cœur de la société et ne peut l’ignorer. La Société générale a déposé plainte contre M. Kerviel et, dans l’étude d’une plainte, les juges doivent vérifier si elle n’est pas abusive. Autour de l’affaire, en tous points exceptionnelle, ne fût-ce que par l’importance des sommes engagées (50 milliards qui auraient pu faire chuter le système bancaire mondial si Daniel Bouton, le P-DG de l’époque, n’avait dénoué les positions de son institution), le brouhaha s’est bien entendu amplifié et donne lieu aujourd’hui à toutes sortes de révélations, par exemple dans le livre de Hughes Le Bret, le directeur de la communication de la Société générale au moment des faits en janvier 2009. Dans cet ouvrage, ni M. Kerviel ni M. Bouton, accablé par la dépression, ne sortent vraiment grandis de ces « révélations ».
Assurément, M. Bouton a fait ce qu’il a pu pour sortir sa banque de l’abîme où elle s’enfonçait, encore que personne ne puisse dire si les moyens qu’il a mis en œuvre étaient les plus efficaces. À ce jour, le seul verdict qui ait été prononcé contre le P-DG a été émis par Nicolas Sarkozy. Dès qu’il fut informé, il a exprimé le souhait d’un départ immédiat de M. Bouton, lequel, en fait, n’a démissionné que plusieurs mois plus tard. Ce qui est extrêmement troublant, c’est que l’honneur du capitaine qui sombre avec son navire n’a plus cours. M. Bouton a répété qu’il avait été dupé (et tous les dirigeants de la banque avec lui) par Jérôme Kerviel. Mais quand se produit un désastre de cette ampleur, on ne cherche pas un responsable, on en tire les conclusions pour soi-même. Quand on dirige une entreprise qui compte 157 000 employés de par le monde, on ne s’abrite pas derrière un jeune trader un peu trop ambitieux. Si M. Bouton a pêché par laxisme, il est responsable ; s’il ne savait rien, c’est pire.
Le vrai procès n’a pas eu lieu.
Il reste à faire le procès du système, qui est tellement déboussolé qu’on en vient à demander à un homme payé 2 500 euros par mois de rembourser 4,9 milliards. Si M. Kerviel a réussi à cacher ses positions, c’est à cause du système, animé par des gens qui, partagés entre l’appât du gain et la discipline, ont peu à peu oublié celle-ci au profit de celui-là, mère de tous les vices. On attend toujours la réforme qui mettra à l’abri nos comptes-courants et obligera les banques à ne jouer que leur propre argent. On vient d’augmenter les fonds propres que les banques doivent posséder avant de faire des prêts. Une réformette. La sécurité n’est toujours pas garantie. La vérité est qu’il n’existe aucune éthique dans la pratique bancaire et que, loin de servir les intérêts de leurs clients, les banques ne s’intéressent qu’à leurs résultats, qu’elles améliorent en multipliant les frais bancaires. La persistance du cynisme, de la cupidité, de l’arrogance que la pire des catastrophes financières depuis 1929 n’a pas fait reculer, tend à montrer que dans l’univers financier, les particuliers et les entreprises sont des moutons à tondre et les banquiers, des fat cats qui dominent le monde.
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