Le contrat d’aide à l’installation (CAIM) est-il un succès selon vous ? Comment améliorez-vous sa visibilité auprès des jeunes médecins ?
Nicolas Revel Pour un dispositif mis en place depuis un an, les premiers résultats sont positifs. Ils résultent notamment d’un effort de promotion de l’Assurance maladie qui a débuté véritablement début 2017. Le contrat a été présenté aux étudiants, dans les facultés de médecine et dans les forums, comme aux médecins libéraux, nouveaux installés ou remplaçants, à l’occasion des rendez-vous d’installation ou de ceux proposés aux remplaçants. N’oublions pas que ce nouveau contrat ne produira ses pleins effets qu’une fois adopté dans toutes les régions, avec le nouveau zonage des ARS qui couvrira une part plus importante du territoire. Enfin, dans le cadre de l’avenant en cours de négociation sur la télémédecine, nous clarifierons une ambiguïté de la convention de 2016 : ce contrat n’est pas réservé aux médecins nouvellement installés en libéral ; il concerne tous ceux qui s’installent pour la première fois dans une zone sousdense, qu’ils aient ou non exercé dans une autre zone.
279 contrats d'aide à l'installation des médecins ont été signés. Est-ce suffisant ?
N. R. Ce chiffre correspond au nombre de contrats signés au 1er janvier 2018, qui a suivi une progression régulière et va en s’accélérant ces derniers mois. Au-delà des actions d’accompagnement déjà engagées, la création prochaine sur l’ensemble du territoire de guichets uniques d’information et d’orientation permettra à l’Assurance maladie et aux ARS de mieux accompagner les professionnels dans leurs projets d’installation. Nous répondrons à une demande forte des médecins. L’accent sera également mis sur la complémentarité du CAIM avec le contrat de transition (Cotram) qui vise à soutenir financièrement les médecins déjà installés en zones sous-denses et veulent préparer une cessation d’activité d’ici quelques années tout en étant prêts à accueillir un médecin nouvellement installé, y compris comme collaborateur libéral, au sein de leur cabinet.
Vous défendez le maintien de mesures incitatives à l’installation. Qu’est-ce qui peut encore être fait dans le champ conventionnel en ce sens ? Ces aides seront-elles l'objet de prochaines négociations avec les syndicats ?
N. R. Comme je l’ai déjà dit, au vu de la démographie médicale actuelle, je ne crois pas à l’efficacité de mesures coercitives. Pour aller plus loin en termes de mesures incitatives, nous proposons d’améliorer l’attractivité du contrat de solidarité territoriale médecins (CSTM), qui vise à favoriser l’intervention ponctuelle de médecins venant exercer régulièrement dans les zones sous-denses. Cette piste a été ouverte dans le cadre du plan d’accès aux soins annoncé par la ministre en septembre dernier. J’ai proposé aux syndicats que la majoration des actes et des consultations prévue par la convention de 2016 soit portée à 25 %, contre 10 % aujourd’hui. Je pense que cela peut intéresser des médecins relevant de spécialités convergeant de plus en plus dans les grandes villes mais qui pourraient envisager de venir consulter régulièrement, pendant une journée ou deux, dans d’autres zones. Les maisons et pôles de santé offrent un cadre parfaitement adapté pour les accueillir, et nous avons même prévu un financement particulier pour les structures qui le font dans le cadre de leur accord conventionnel interprofessionnel.
*Directeur de la Cnam
Propos recueillis par Camille Roux
Nicolas Revel* : « Je ne crois pas en l’efficacité de mesures coercitives »
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