Une nouvelle équipe de quatre personnalités, dont le pédopsychiatre Thierry Baubet, prend la tête de la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise), avec pour mission d’accompagner la mise en œuvre des recommandations déjà émises, et de garantir la sécurité de tous les lieux de vie des mineurs.
Ce nouveau « collège » de direction est composé de Maryse Le Men Régnier, ex-magistrate et présidente de la Fédération France Victimes, du Pr Thierry Baubet, chef du service de psychopathologie de l'enfant à l'hôpital Avicenne à Bobigny, de Solène Podevin, présidente de Face à l'inceste, et de Bruno Questel, ancien député victime d'un viol étant enfant. Tous, sauf ce dernier, comptaient déjà parmi la quarantaine de membres de la Ciivise 2.
Cette nomination et l’annonce de la reprise des travaux mettent fin à deux mois de spéculations et d’inquiétudes sur l’avenir de la Ciivise, initialement lancée en mars 2021, dans le sillage de la publication du livre de Camille Kouchner, La Familia grande. Sa pérennisation en février, après une première période d’incertitude, avait vite été ébranlée par la mise en retrait de sa vice-présidente, la Dr Caroline Rey-Salmon, visée par une plainte pour agression sexuelle. Dans la foulée, le président Sébastien Boueilh avait à son tour démissionné, s'estimant « la cible de calomnies et d'attaques personnelles ».
Formation des professionnels aux réflexes protecteurs
Avec cette « gouvernance renouvelée, l'heure est à la remise au travail, pour la protection de nos enfants », a souligné dans un communiqué, ce 3 avril, Sarah El Haïry, la ministre déléguée chargée de l'Enfance, de la Jeunesse et des Familles. Après deux mois, « compliqués », qui n’ont pas « permis d’avoir un environnement suffisamment serein pour travailler », « maintenir la dynamique enclenchée pour lutter collectivement contre les violences sexuelles faites aux enfants est une priorité », assure-t-elle, dans un entretien au Figaro.
Cette Ciivise remaniée sera notamment chargée d'accompagner la mise en œuvre des recommandations déjà émises « ou de celles qu’elle émettra dans les prochains mois, en portant une attention particulière notamment aux enfants victimes en situation de handicap, qui constituent un public particulièrement vulnérable exposé aux violences sexuelles », précise le ministère. La question des auteurs mineurs de violences devrait aussi être approfondie.
Il s'agit de « faire de tous les lieux de vie et de socialisation des enfants des lieux sûrs à l’égard du risque de violences sexuelles », ajoute-t-il sans donner plus de précisions.
L'accent doit enfin être mis sur la formation de tous les professionnels au contact des enfants « aux réflexes et gestes les plus protecteurs et à la vigilance », afin de proposer un parcours de soins à toutes les victimes. Celui-ci est aujourd’hui « trop long et trop cher », selon Sarah El Haïry. « C’est une double peine. La Ciivise va travailler avec des médecins et des inspecteurs des affaires sociales, pour proposer un parcours de santé mieux construit, plus accessible », promet-elle. C’était là l’une des 82 recommandations émises par la Ciivise 1, avec la clarification de l’obligation de signalement pour les médecins, ou encore la suspension des poursuites disciplinaires le temps de l’enquête pénale.
Malgré ces annonces, l’inquiétude persiste chez certains membres de la Ciivise, qui avait recueilli sous son premier mandat près de 30 000 témoignages de victimes.
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