Annoncé en 2019 dans le cadre du Pacte de refondation des urgences d’Agnès Buzyn, l’accès direct aux kinés en cas de lombalgie ou d’entorse de cheville est loin d’apporter pleine satisfaction à la profession. « On a mis tellement de verrous à ces deux protocoles de coopération qu’on les a rendus complètement inopérants », regrette Sébastien Guérard, président de la Fédération française des masseurs kinésithérapeutes rééducateurs (FFMKR). Et pourtant, si l’on en croit ce responsable syndical, ce n’est pas l’envie qui manque aux kinés de prendre en charge des patients directement.
Un bon maillage territorial
« 75 % des kinés sont favorables à l’accès direct et 50 % sont d’ores et déjà en capacité de prendre en charge des patients en soins non programmés dans un délai de 0 à 3 jours », ajoute Sébastien Guérard. Et pour lui, la question du nombre de kinés n’est pas un problème. « Nous sommes 77 000 kinés libéraux, avec un très bon maillage territorial et une croissance démographique forte », affirme-t-il. Des propos corroborés par les chiffres de la Drees, qui, dans son zonage publié en décembre dernier, relevait que l’accessibilité à la profession (en équivalent temps plein par habitant) avait progressé de 6,1 % entre 2019 et 2021.
Cette dynamique n’est d’ailleurs pas près de s’arrêter si l’on en croit Antony Demont, masseur-kinésithérapeute, docteur en santé publique et chargé de mission « accès direct » et « pratique avancée » au sein de l’Union régionale des professionnels de santé (URPS) Masseurs-kinésithérapeutes d’Île-de-France. « Les gouvernements successifs ont mis en place des restrictions à l’installation pour les kinés, relève-t-il. Même si elles peuvent dans une certaine mesure être contournées, elles tendent à augmenter l’orientation des professionnels là où il y en a le plus besoin. »
Temps perdu
Et quand on objecte aux kinés qu’il est parfois difficile de prendre rendez-vous avec eux, ils rétorquent que l’accès direct, justement, pourrait constituer une solution à cette problématique. « Souvent, pour une entorse de cheville ou une lombalgie, les patients ne viennent nous voir qu’après avoir vu leur médecin traitant, éventuellement après un passage aux urgences, puis après une nouvelle visite chez le médecin qui nous les adresse, ce qui fait que nous ne les voyons souvent que trois semaines après le début des symptômes, regrette Sébastien Guérard. Si nous les avions vus en primo intention, on aurait probablement pu régler en trois séances ce qu’on va devoir régler en dix. »
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