Les médecins peuvent souffler. Un amendement du gouvernement visant à supprimer celui limitant la durée du remplacement à trois ans a été adopté mardi soir, lors de l'examen en première lecture du projet de loi Santé au Sénat.
Fin mai, le président de ReAGJIR, le Dr Yannick Schmitt avait dénoncé cette « fausse bonne idée ». « Ce n'est que lorsqu'on commence à remplacer qu'on est vraiment confronté à l’exercice libéral, qu'on prend la place du médecin dans toute sa dimension », avait-il expliqué au Généraliste.
En début de semaine, l’ensemble des syndicats de jeunes et futurs médecins (Anemf, Isnar-IMG, Isni, Jeunes Médecins, ReAGJIR, SNJMG) ainsi que la CSMF, FMF et MG France s'étaient unis pour lancer une campagne de mobilisation sur les réseaux sociaux, à l'aide du hashtag #TouchePasAMonRemplaçant.
« Les remplaçants, essentiels pour assurer la continuité des soins »
Le gouvernement a fait valoir que la proportion de médecins exerçant une activité dite « intermittente » (remplaçants et contrats courts) « n’apparaît pas déraisonnable » (moins de 4 % des praticiens inscrits à l’Ordre au 1er janvier 2018).
Surtout, il estime que « le recours à des remplaçants est (...) essentiel pour assurer la continuité des soins » et qu'une « diminution du vivier de remplaçants risquerait (..) de laisser des territoires sans médecins pendant plusieurs semaines chaque année », principalement ceux en manque de praticiens.
Vifs échanges sur la liberté d'installation
Agnès Buzyn a également dû, une fois de plus, défendre la liberté d'installation face aux sénateurs. Une série de 14 amendements de différents bords, déclinant à des niveaux gradués une volonté de réguler l'installation des médecins, a ainsi donné lieu à de longs échanges, parfois vifs, entre la ministre et les élus ou entre les élus eux-mêmes.
Ces amendements ont systématiquement fait l'objet d'un scrutin public, à la demande du rapporteur de la commission des Affaires sociales Alain Milon (LR), également opposé aux mesures coercitives.
La ministre s'est attachée à démonter point par point les arguments des défenseurs d'un conventionnement sélectif. « En médecine générale, la France entière est sous-dotée », a-t-elle affirmé. « Seulement 5 % des jeunes médecins veulent s'installer. Avec un système coercitif, nous en aurons zéro ».
Défendant des mesures « incitatives », Agnès Buzyn a souligné que « l'objectif même » du projet de loi est de donner aux jeunes médecins « le goût de s'installer ». « La douleur dans les territoires, vous n'êtes pas les seuls à la voir », a-t-elle lancé à l'adresse des sénateurs, avant de citer Nelson Mandela : « que vos choix reflètent vos espoirs et pas vos peurs ». « Aujourd'hui ce dont nous discutons, ce sont vos peurs », a appuyé Agnès Buzyn.
Seul a été adopté le principe d'un renvoi à la négociation conventionnelle les syndicats de médecins libéraux et l'Assurance maladie de la contribution des médecins à « la réduction des inégalités territoriales dans l'accès aux soins ».
(Avec AFP)
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